It's up to you, and it's up to me [ft. Jas/Jax]

Jaxson n’avait pas bien dormi depuis son arrivée. Son sommeil était entrecoupé de rêve, troublé par son arrivée à Destiny plus que mouvementé. Tout cela lui donnait envie de s’allonger dans son lit et de tirer les couvertures sur sa tête. Jason savait tout de lui. En se qui concernait son passé, cette histoire était complètement inutile. Bien sûr il était intelligent, et il ça lui avait permis d’apprendre quelques trucs mais il avait quand même foutu sa vie en l’air. Mais comment ? Mais comme en témoignait la situation actuelle, il s’était apparemment débrouillé pour tout gâcher. Ou quelqu’un avait tout gâché pour lui. Le résultat était le même. Jason savait. Il savait tout de lui et il avait beau essayé de penser à autre chose, son esprit vagabondait toujours vers l’éclat de ses yeux noirs et le rose de sa bouche. Comme si ce détail avait été autrefois utile. Comme si son cerveau voulait lui rappeler que c’était important. Il avait tourné en rond toute la journée, son dernier jour de repos avant de commencer à réparer des choses. Jaxson ruminait ses questions, essayant de décider s’il devait les poser ou non, voir cet homme ou non. L’estomac noué il se força à expirer en se levant de son lit. Ce baiser. Ce besoin pressant. Jason avait des choses à lui dire qui semblait si flou à Jaxson. Ce baiser. Il ne cessait d’y penser depuis deux jours. Est-ce que son ancien lui avait ressenti des choses pour ce type ? Impossible il était prêtre. Il ne se souvenait peut-être pas s’il avait aimé ou non Jason mais il se souvenait de sa foi indéfectible. Il se sentait retourné autant une autre partie de lui se sentait nauséeuse et tremblante. La pensée qu’il ait pu avoir embrassé cet homme était tellement inattendue qu’il ne pouvait se résoudre à les mots à voix haute. Pas encore. Jaxson du plat de ses mains sur le matelas et se leva. Il était moins faible depuis qu’il avait mangé et dormi. Il posa ses yeux sur la Bible, sur son bureau. Il n’y avait pas touché depuis que cet homme avait donné un coup de pied dedans. Il fixa le livre et se mit à réfléchir sous la probable froide déception qui s’infiltrait en lui. Il n’allait rien lui dire. Et ce marque-page… Jason. Est-ce que tout était lié ? Il fit demi-tour, l’attrapa et le serra entre ses doigts.
Après quelques minutes angoissantes, il ouvrit la porte et descendit les escaliers. La veille il avait demandé où habitait un Jason et sa fille et on lui avait donné le numéro et l’étage. Une fois devant la porte, le pied du prêtre s’agita alors qu’il attendait en regardant fixement le numéro de la porte. Il voulait tellement savoir. Ca semblait si proche et si loin. Sa vie d’avant à porter de main. Levant la main il hésita, se demandant si ça paraissait aussi bizarre qu’il le pensait. Mais il frappa… trois coups. Un aboiement. Il y avait un chien dans la pièce. Son pouls s’emballa et ses mains tremblèrent. Quand il entendit la porte s’ouvrir il examina Jason et s’empressa de plaquer sa main sur la porte pour l’empêcher de la fermer.

Tu dois me dire ce que tu sais. Je ne te laisse pas le choix.

Les yeux plongés dans les siens. Il n’y avait plus des petits sillons d'inquiétude qui étaient apparu entre ses sourcils comme la dernière fois. Cette fois il était déterminé. Il étudia attentivement cet homme, notant la manière qu’il avait de le regarder. Il attendit une réponse et alors que les secondes s’égrenaiaient il commença à douter de sa détermination. L’avait-il offensé ? Il voulait simplement savoir sa vie passée. Jax se mordit la lèvre en faisant un pas vers lui pour le forcer à reculer.

Tu es le seul qui sache qui j’ai été. Il marqua un temps. Aide moi, Jason.

(c) DΛNDELION

Jason avait jour de repos aujourd’hui. Et il comptait bien utiliser ce temps pour coucher sur le papier ce qu’il avait sur le coeur depuis quelques jours. Eleanor était en vadrouille, il était seul et pouvait prendre le temps qu’il vouloir pour mettre de l’ordre dans ses idées. L’escapade dans la forêt avec John lui avait fait beaucoup de bien et lui avait permis d’extérioriser beaucoup de choses mais il avait besoin d’en parler à Lui. Adossé contre son lit, il ouvrit son carnet usé qui recelait ses mémoires et ces lettres qui était adressées au Jaxson qu’il avait connu. Ce carnet était son bien le plus précieux. Il en prenait soin malgré que la couverture avait été écorchée par endroits, et certaines pages étaient cornées. Il avait vécu ce carnet et Jason, malgré la situation actuelle, n’allait pas arrêter d’écrire à l’homme de sa vie car, même si son corps est toujours là, sa personnalité a disparu. Morte avec le temps.

Mars 2023

Encore une épreuve douloureuse. La pire de toutes, je pense. Je te croyais de retour, bébé. J’y ai vraiment cru. Ca m’a donné la nausée. Tu étais vivant après toutes ses années à te croire mort. Ca m’a rendu fou. Fou de colère et d’incompréhension. Puis la tristesse s’est emparée de moi, il n’y avait plus cette lueur dans ton regard. Tes yeux ne me regardaient plus comme avant. Tout était éteint en toi. Il n’y avait que le vide. La voix qui s’échappait de ton corps me disait qu’elle ne se souvenait plus de rien. Ce que j’ai compris c’est que tu avais disparu.
Et j’ai du faire mon deuil une seconde fois quand j’ai compris que tu ne reviendrais pas. Que ton âme avait disparue, entrainés dans les bas-fonds de ce monde cruel. Pourquoi le monde s’acharne ? Pourquoi mon coeur est martelé sans cesse ? Je sais ce que tu me dirais. Je le sais, mais c’est tellement dur de faire comme si tout allait bien devant Eleanor. Je ne le sens même plus battre, ce coeur, qui s’était attaché à toi. Je dois garder la tête haute et ne pas me noyer dans la mélancolie.
Je te jure que j’essaie, je te jure. Et

Trois coups. Jason relève la tête les yeux rougis par l’émotion. Il ferme le carnet et le dépose sur sa table de chevet avant d’essuyer ses cils avec sa manche. Renifle, se mouche un instant avant de se diriger vers la porte. Il prend une longue bouffée d’air avant d’ouvrir. Weasley aboyait. Jason lui fit deux trois caresses sur la tête pour qu’il se calme. Mais rien faire, Weasley tournait sur lui même, grattait la porte en gémissant. Le comportement étrange du chien perturba un instant Jason avant de découvrir qui venait le déranger.

Ah non. Tout mais pas lui.

Jason voulu fermer immédiatement la porte, son coeur se soulevait à nouveau d’émotions. Le voir était une véritable pénitence. Sauf que Jaxson mis sa main sur la porte. Donna un ordre. Jason dégluti. Ce ton de voix. Cette détermination. Il ferma les yeux, se pinca les lèvres. Ce n’est pas lui, ce n’est pas lui. Jason tentait de se convaincre, mais il était tellement plus facile de croire qu’il était de retour.

Et son prénom prononcé dans sa bouche. Une lance de feu dans le coeur, Jason avait envie de fondre en larmes. Cet homme avait besoin d’aide. Et bien que Jason n’avait pas vraiment envie de se mesurer à son regard, sa gentillesse et le souvenir de Jaxson l’empêchaient de rejeter sa demande.
Jason sans un mot, s’écarta du chemin pour le laisser entrer. Weasley sauta sur Jaxson en agitant la queue. Weasley aussi se faisait avoir. Ce n’était plus lui et pourtant le chien semblait persévérer.
Jason lui tourna le dos et lui tira une chaise coincée sous une table ronde. Il s'associerait pas, et Jason alla s'asseoir sur son lit dos à lui. Il ne pouvait pas affronter son regard. Il ferma les yeux et tenta d’imaginer un autre corps assis non loin de lui. Celui d’une personne banale, peu importante pour se donner un peu de force. Il avait un noeud invisible dans la gorge. Un noeud tellement serré qu’il dû se racler la gorge plusieurs fois. Il aurait aimé que Weasley vienne près de lui, mais il était bien trop occupé à faire la fête au corps de Jaxson. Il inspira profondément.

“Qu’est-ce que tu veux savoir ?”

Sa voix était crispée, le son était aussi désagréable que des ongles sur un tableau. L’émotions était trop présente. Jason avait les mains jointes et se concentrait sur elles pour ne pas pleurer à nouveau.

(c) DΛNDELION

Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Jaxson. Il l’avait vraiment fait. Il était vraiment au bord du précipice, celui où se trouvait son passé. Il fut toutefois soulagé et un petit sourire se dessina sur son visage. Le soulagement s’écrasant sur lui comme une vague. Sans un mot il s’était écarté du chemin et le laissa entrer. Il n’eut pas le temps de faire un pas que le chien lui sauta dessus, debout, les deux pattes sur ses avant bras, il semblait heureux d’avoir une autre compagnie que l’homme énigmatique que Jaxson était venu voir. L’animal posa de nouveau ses pattes sur le sol et tandis que Jaxson s’avançait dans la chambre il le lui suivait, visiblement heureux. Il alla s’installer sur une chaise alors que son interlocuteur se plaça en face, sur le lit. Le chien ne se fit pas attendre et léchouilla les joues de Jaxson qui le repoussa doucement en riant dans un souffle. Observant l’homme du coin de l’oeil, il se surprit à penser qu’il voulait désespérément connaître les réponses. Sa vie.

Assis, fut la phrase qui vint spontanément à l’esprit et l’image du chien effectuant l’ordre fit hausser les sourcils de Jaxson. Clignant bêtement des paupières il observa le chien puis releva les yeux vers l’homme en face de lui qui évitait son regard. Comme s’il avait prit une photo, il se souvint. Ses yeux paraissaient plus clair autrefois. Son expression espiègle - les yeux plissés mettant en valeur ses longs cils noirs, il avait un sourire narquois aux lèvres comme s’il se moquait de Jaxson pour avoir demandé quelque chose. A ce souvenir, Jaxson gigota légèrement sur sa chaise, son corps vibrant d’une satisfaction étrange et nostalgique. Tout cela était source de confusion.
La pluie se précipitait sur les fenêtres de la chambre. il faisait sombre sans le soleil et la morosité donnait une atmosphère solennelle à la pièce qui devait être habituellement joyeuse. Jason était assis sur son lit, il semblait si petit dessus. Il y avait une sorte de carnet à côté de lui, ainsi qu’un stylo. Jaxson se pencha en avant, les coudes posés sur ses genoux, essayant de décider ce qu’il voulait dire à celui qui était la clef de tous ces mystères. Sa vision du monde avait changé et il ne savait pas par où commencer.

Il ne savait pas par où commencer. Tant de questions restées sans réponses, dont il avait essayé de combler les trous par des suppositions. Il se demanda s’il pouvait seulement poser une question. Y avait-il eu quelque chose entre eux ? Cet homme avait-il gardé ses sentiments secrets pour lui ? Il avait dû le faire. Jaxson pensa à son réveil. Il avait perdu le fl de ses pensées d’origine. Son esprit vagabonda de nouveau vers Jason et la façon dont ses mains bougeaient, ainsi que le son de son rire -qu’il n’avait pourtant pas entendu depuis leur rencontre- Il aurait voulu se souvenir de leur rencontre. Etaient-ils amis ? Ou cela avait été une lente progression ? Jaxson soupira.

Je… Je me suis réveillé dans une église. Il serra doucement les dents puis se racla la gorge. Je… j’aimerai me souvenir. Il ne souffla plus aucun mot durant quelques secondes, écoutant le bourdonnement de la pluie. Il avait envie de sortir, de se faire éclabousser le visage par la pluie qui bombardait le trottoir. Sentir l’eau s’infiltrer dans ses cheveux, couler sur son visage. Il voulait se sentir bien. Il prit une profonde inspiration et expira lentement.

Je peux imaginer ce que ça fait de m’entendre, de me voir après m’avoir… cru mort. Il haussa les épaules et soupira en regardant le plafond, puis de nouveau Jason. Il pressa ses lèvres et posa sa main sur la tête du chien qui s’était allongé à ses pieds. Ce n’est pas parce que je ne me souviens pas des promesses, que… Je ne savais pas que tu m’attendais. Je ne savais plus rien de moi et j’ai du me construire la dessus. Il observa le chien qui le regardait lui aussi. Si j'avais su que quelqu'un m'attendait, j'y serais allé. Je n'avais rien pour me guider. Rien à part... Ce papier que j'ai gardé Jaxson avait les yeux dans le vide pourtant rivés sur l’animal. C’était comme s’il laissait parler le fond de son âme, sans qu’il s’en rende compte, comme s'il parlait pour lui même, à voix haute. Peu importe... Pu importe ce qui a bien pu se passer et comment cela a tourné. Toi et Weasley allaient bien. Il écarquilla les yeux, revenant à lui. Weasley ? Qui est-ce que c’était ? Il fronça les sourcils avant de cligner bêtement des paupières. Jaxson releva la tête et observa Jason.

Qui est… Weasley ?

(c) DΛNDELION

Weasley était heureux de voir Jaxson mais ne remarquait-il pas qu’il n’était plus l’homme qu’ils avaient connus ? Il ne le lâchait pas d’une semelle pourtant. Le chien savait que le Jaxson que Jason attendait était toujours là, les chiens savent ces choses là. Les oreilles dressées, il profitait des caresses de son ancien compagnon de jeux. Ils se sont toujours bien entendus et Jason avait souvent gueulé pour qu’ils fassent moins de bruit, concentré sur ses dossiers. Il aurait dû profiter de ce genre de moments avec eux, il le regrettait à présent. Toujours focalisé sur la rentrée d’argent, sur les contrats qui s'enchaînent, passer plus de temps à travailler. Et ce, même pour leur mariage. Tant de moments passés à regarder des rames de papier au lieu de profiter du bonheur qu’il avait sous la main. On ne se rend vraiment compte de la valeur des choses que lorsqu’on les as perdues.

Et il avait perdu la personne qu’il aimait le plus au monde. Même lui ne s’aimait pas autant et pourtant ! Il tenait tellement à son image, à sentir bon, à être rasé de près chaque matin, être présentable. Il tenait tellement à la perfection jusqu’aux moindres détails comme l’associations des couleurs. Pas de mauve avec de l’orange, Jaxson ! Ca, il le répétait sans arrêt.
Et maintenant ?
Et maintenant, il était ce pouilleux aux cheveux longs qui passait sa vie à pieds nus, avec de la terre sous les ongles à ne faire qu’un avec la nature.

Jason continuait à regarder le sol les mains jointes. Il ne voulait pas croiser son regard. Il préférait imaginer qu’il avait quelqu’un d’autre en face de lui.
Il regrettait même de l’avoir forcé à l’embrasser alors qu’il avait osé imaginé que tout lui reviendrait. Belle utopie.
Jason fixe ce sol. Tente de faire le vide, les pieds bien ancrés au sol. Ses pieds noirs et sales. Tout avait tellement changé, tout.
Il était affreux et sale. Même lui n’était plus le même, alors pourquoi lui en voulait-il tant au fond ?
L’église. Il s’était donc réveillé là-bas. Jason serra les dents. Ils devaient se marier ce jour là. Et encore une fois, Jason n’avait rien voulu voir, il n’avait même pas fait attention à la menace, trop occupé à rendre ce moment parfait. Se disputant avec Jaxson pour lui faire comprendre que les fleurs étaient importantes pour cette occasion. Encore des moments de complicité volés. C’était sa faute.
Et il aimerait se souvenir.
Jason lui, aimerait oublier.
Oublier pour ne plus souffrir tandis que lui souffre de ne pas savoir.

Jason ne disait toujours rien mais il écoutait attentivement chacun de ses mots. Parfois, il entendait le timbre de Jaxson, sa façon de parler parfois si brute mais ce n’était que de légers sons trop éphémères. Il n’était plus là, il ne reviendrait pas. Jason devait se faire une raison.
Il avait gardé un papier. Le coeur de Jason était curieux mais sa raison le poussait à ne pas savoir. Tout était motif de souffrance de toute façon.
Et… S’il pouvait éviter de faire souffrir Jaxson en lui racontant la vérité, il le ferait. L’amour peut rendre stupide.

“Weasley, c’est le chien.”

Une information, brève et précise. Rien de plus. Pas besoin d’ajouter qu’il aimait que lorsqu’il étaient couchés dans le canapé, il aimait qu’il se couche sur ses pieds pour les réchauffer alors que Jason ne supportait pas de voir les poils sur le canapé. Inutile de lui dire qu’il adorait le promener au parc tandis que Jason était encore au téléphone alors qu’ils devaient profiter de cette sortie à trois.

“On allait à un mariage d’amis en commun. C’est pour ça que tu t’es réveillé à l’Eglise.”

Jason ne voulait pas dire la vérité, il en était incapable. Si Jaxson était toujours là, il allait culpabiliser et ne plus le lâcher pour en savoir plus. Et Jason, égoÏstement, voulait éviter ça. “Tu étais mon meilleur ami, puis les zombies ont débarqués, et nous ont séparés.” C’est bien ça, c’est une bonne excuse. Ne pas dire la vérité. Ne pas dire qu’ils s’aimaient profondément et que Jason avait attendu des mois la peur au ventre. Qu’il avait tenté de mettre fin à ses jours dans le désespoir et que Weasley l’avait ramené à la raison en lui mordant le bras. Machinalement il tira sur la manche de sa chemise en lin pour cacher la morsure. “On était colocataires. C’est pour ça que je t’attendais”
Des mensonges, mais pas que.

“Tu étais mécanicien. T’aimais bien les voitures…” Surtout celle de Jason, celle qui les as poussés à se revoir, celle qui a assisté à leur premier vrai baiser.
Jason ment. Il était aussi comme ça avant un peu. Un manipulateur, un commercial. Cette part de lui était toujours présent, ce n’était pas très compliqué de la réveiller.
“Donc non, tu n’étais pas prêtre. Mais… avant tu étais croyant, donc je suppose que c’est pour ça que tu as pensé ça. J’en sais rien.”
Ce sol est si hypnotisant. Le discours de Jason glisse facilement. Il parle à la moquette, et c’est très bien.
Il n’avait jamais vraiment réussi à mentir à Jaxson. Mais ce n’était plus lui et tout était plus facile dans ce cas.
“Tu veux savoir quoi d’autre ?” souffla-t-il en soupirant.

(c) DΛNDELION

Jaxson avait longtemps prié pour avoir ces informations. Ne pas savoir qui il était et la plus grande torture au monde et bien qu’il y ait des points positifs une part de lui lui manquait terriblement. Tant de questions restées sans réponse durant des années. Et s’il s’était trompé lourdement sur son compte ? Et s’il n’était pas l’homme qu’il était aujourd’hui ? Aujourd’hui, il voulait simplement savoir qui il était. C’était une prière toute simple qui avait été d’abord exaucée au double, puis au triple, au centuple. Jaxson estimait que d’ici quelques temps il allait atteindre le milliard. Et si Dieu exauçait son vœu le plus cher alors le paradis l’attendrait au bout. Sa Bible il la lisait tous les jours. Il adorait les histoires qu’elle renfermait, la parabole du bon Samaritain, il avait souvent prêché le passage de l'évangile de Luc, le Saint Rédempteur. Toujours généreux en louanges, que Dieu les bénisse.
Cette fois il allait savoir. Dieu avait entendu ses louanges. Jaxson avait sorti une information qu’il ne connaissait pourtant pas. Le nom du chien. Ses yeux se posèrent sur lui, l’animal qui releva les yeux vers lui, plein d’amour. Il couina légèrement et l’espace d’un instant, le prêtre avait l’impression d’avoir déjà vécu ce moment. Il était perdu entre les eaux du Styx. Séparé entre l’ignorance et la connaissance, son passé et son présent. Affluant la haine et le fleuve du chagrin, il était actuellement dans le ruisseau de l’oubli, Léthé, convergeant vers le centre du monde souterrain, vers un vaste marais. Jason, le Charon de son histoire. Il allait le faire traverser en eaux troubles. A cette pensée, Jax se jura de ne plus être entraîné par une multitude de dieux mais par un seul, le Seigneur Jésus Christ.
Un mariage d’amis en commun. Où était donc ses amis maintenant ? Morts ? Jaxson baissa les yeux, ouvrant légèrement ses doigts. Sa main tenait le papier et durant quelques secondes, il observa le prénom « Jason » et la typographie qui à l’instant même lui parut importante.
C’était une typo droite, sans sérif, sans parasite. L’information était claire, précise. Pas de froufrou, de décoration. Rien. Juste un mot, un nom pour déclarer l’amour et le rapprochement de deux personnes devant dieu. Est-ce que lui aussi il avait quelqu’un qu’il aimait ? Quelqu’un de cher à ses yeux comme à son cœur ? Il releva les yeux vers l’homme en face de lui. Aucun regard, rien et pourtant ils étaient meilleurs amis. Et il l’avait attendu en vain. Cela il pouvait comprendre et pourtant l’homme semblait cacher quelque chose. Quelque chose qu’il ne voulait pas dire. Il ne le regardait pas, préférant fixer le sol entre eux. Le seul rempart avec le gouffre.

Pourquoi tu m’en veux, alors ? Il releva les yeux vers lui, serrant doucement sa main sur le papier. Son prénom. C’était son prénom à lui. C’était peut-être le prénom de son ami, celui qui se mariait mais Jaxson trouvait ça étrange. Quelque chose clochait. Il l’avait embrassé mais Jax mit sur le compte du stress, de sa volonté de le réveiller de son amnésie, sans arrière pensée aucune. Et visiblement, sa fuite, avait été le résultat du choc d’avoir embrassé un homme. Jax en était certain.
Il était donc mécanicien et peu à peu les sensations d’éprouver du plaisir en tenant un outil, de réparer, lui revenait. C’était facile, il savait qu’il avait une facilité pour bricoler. Il comprenait les machines avec autant de facilité qu’il y avait forcément un bagage derrière. Il fut tout de fois étonné de s’être trompé autant. Non il n’était pas prêtre mais un fervent croyant. Et lui ? Est-ce qu’il l’était ?
Il aimait les voitures. Bien qu’à l’heure actuelle elles étaient toutes obsolètes, il avait l’impression qu’une voiture en particulier lui plaisait plus que les autres. Et les motos aussi. Mais cette voiture, qu’il arrivait à deviner dans ses pensées étaient si loin qu’il n’en distinguait qu’une vague silhouette. C’était trop tôt pour s’imprégner. Il se sentait déjà fatigué d’avoir toutes ces informations comme si son cerveau devait tout enregistrer et que le système entier devait se mettre en veille pour le laisser faire. Les voitures. Il supposait que c’était parce que cette histoire avait un écho tout personnel pour lui. Il avait l’impression qu’une histoire avec une voiture avait changé sa vie mais impossible d’en être certain, impossible de savoir si c’était un fantasme ou non. Seul Jason avait la réponse.

On était meilleurs amis… Il avait soufflé ça comme si cela sonnait juste. On se connaît depuis longtemps ?

Jax marqua une pause. C’était difficile d’avaler une tonne d’information, de remettre en question sa nouvelle réalité. Il posa de nouveau ses yeux sur le bout de papier, son seul véritable lien avec le passé aussi énigmatique que l’homme en face de lui. Que voulait dire ce mot ? Ce prénom ? C’était lui ? Un autre ? Et pour qui ? Tant de questions encore sans réponse qu’il préféra garder pour lui. Il avait l’impression de jouer à une enquête criminelle sur sa propre vie. Enquête qui n’aurait jamais de fin.

Mon nom de famille. C’est quoi ? C’est pas Klein je suppose. Et mon prénom ? C’est bien Jaxson ? Souffla-t-il en riant dans un souffle.

Et s’il s’était trompé à ce point ? Et s’il n’était pas du tout l’homme qu’il avait pensé ? Dieu le mettait encore au défi. Pourquoi il ne voulait pas le regarder en face ? Pourquoi semblait-il porter le poids du monde sur les épaules mais que le poids de Jaxson semblait plus lourd encore à porter ? Est-ce qu’il lui avait fait du mal ?

Est-ce que… je t’ai fait du mal ? Je veux dire… tu sembles… Je sais pas. Je… J’ai l’impression que je te fais souffrir mais… je ne sais pas ce que j’ai bien pu faire.

(c) DΛNDELION

Ce n’était pas une partie de plaisir de voir la carcasse de Jaxson devant lui, de lui mentir. Et pourtant, Jason n’en éprouvait aucun remords, c’était beaucoup plus facile et supportable que de lui raconter la vérité et la nature de leur lien. Jason est bien trop fier pour se l’avouer mais, parfois, il a l’impression de le retrouver son Jaxson. Cela dure un millième de seconde mais à chaque fois, c’est la même réaction : son coeur tressaute et ses poils s’hérissent. Et il ne sait encore dire si il aime ça où si ça l’angoisse. Il lutte pour ne pas relever la tête, pour ne pas croiser son regard. Il ne veut plus souffrir encore. C’est terminé. Le deuil était fait, il n’était pas prêt à recommencer, et ça pourrait le tuer cette fois. La douleur serait insupportable.
Et puis, c’était quoi cette fascination pour Jésus et les textes évangéliques ?
Avec ça, Jason avait toujours eu du mal et c’est tellement prononcé dans sa nouvelle personnalité qu’il en a la nausée.
“J’t’en veux pas.”
Un grognement enfui dans sa barbe. Il s’en voulait surtout à lui même de n’avoir jamais cessé de l’aimer. C’était celui qui le maintenait en vie, qui ajoutait de la couleur dans sa vie, qui lui donnait un but, une lumière. Il avait tout perdu et pourtant, le souvenir de Jaxson guidait toujours ses pas mais pas ce Jaxson-là qui se prenait pour le nouveau Messie.
Mais il commençait à poser des questions de plus en plus précises. Et Jason commençait à paniquer. Et si il se contredit ? Et si il découvrait la supercherie ? COmment réagirait-il ? L’ancien Jaxson pouvait se montrer fort impulsif mais il n'avait jamais levé la main sur Jason car il l’aimait. Mais ici ?
“Le temps n’a plus d’importance dans notre monde à présent.”
Rester vague. Ca pourrait être une bonne idée. De toute façon, c’était vrai, il avait l’impression de l’avoir toujours connu tant ce lien était puissant. C’était magique et toute cette magie avait été détruite alors… pourquoi s’embarrasser avec des chiffres ?

“Klein ? “ Jason relève la tête avant de l’abaisser à nouveau. Juste à temps pour ne pas croiser son regard. D’où ce nom sortait-il ? “Pourquoi, Klein ? “ C’était trop étrange pour que Jason ne pose pas la question. “Ton Nom c’est D...” Non, Jason, tu ne peux pas dire ça, car à présent, toi-même tu te nommes ainsi, abruti. “Butler, c’est ton nom de famille.” Jason se retint de rouler des yeux. Inspira profondément. L’étau commençait à se resserrer. Mais Jason ne ploiera pas.
Souffrir. Ah ça oui il l’a fait souffrir mais ce n’était pas vraiment sa faute. Ca Jason le savait. Mais il était également convaincu qu’il ne retrouverait jamais le Jaxson qu’il avait connu.
“Nan.” Ses mains étaient tellement serrées que certains de ses doigts se mirent à craquer. “T’es plus le même, c’est tout.” C’est tout… Si ce n'était que ça. Et ça fait mal. Tellement mal.
“T’as changé, t’as pris une autre voie, tu vis ta vie. C’est très bien.”
Le ton de Jason est froid, cassant.
Il aimerait qu’il parte.
Il aimerait qu’il s’en aille avant qu’il ne puisse voir les larmes naître au ras de ses cils.

“Ton meilleur ami c’est Dieu à présent. Et… Je ne partage pas cette conviction.”
Et ça c’était un problème.
C’était sans doute ça qui l’avait changé en réalité.
Ouais.
C’était de la faute de Dieu, de son putain de Dieu.
“Je préfère brûler en enfer que d’assister à ta reconversion divine”

(c) DΛNDELION

Dehors l’air semblait frais, mais le soleil haut placé derrière les nuages. Un vrai mois de mars. Il lui fallait bien ça. C’était la moindre chose pour le mois des fous. Alors comme la bonne poire qu’il était, plutôt que de se concentrer sur le mal que ça lui faisait de ne pas savoir, il se concentra sur le pauvre Jason en face de lui qui voyait probablement son monde s’écrouler. Dieu avait eu la fabuleuse idée de lui affubler un cœur si grand qu’il ne voyait pas le mal et qu’il en oubliait même d’exister. Il ne lui en voulait pas et pourtant tout dans son comportement montrait que c’était l’inverse. Le temps n’avait pas non plus d’importance mais Jaxson fronça doucement les sourcils en se mordillant la lèvre. Pas d’importance ? Pour lui ça en avait et serrant les dents, il se racla la gorge.

Pour moi ça en a. Parce que je ne me rappelle pas. Alors dis moi. Il se passa la main sur le front en fermant les yeux. Durant un instant il eut mal à la tête, mal de ce trop plein de souvenir. Weasley se redressa et lui lécha la main. Le prêtre releva la tête et étira un petit sourire dans un souffle. Il avait envie de crier, de pleurer mais il se retint. J’ai l’impression qu’on se connaît depuis toujours. Il posa sa main sur la tête du chien et lui gratouilla l’oreille. Il se passait quelque chose… Quelque chose qu’il était incapable d’expliquer. Il avait du mal à comprendre ses mots, à trouver un sens à tout ça.
Le silence régnait dans la chambre depuis quelques minutes déjà. Il haussa les épaules en se redressant, la main toujours sur la tête du chien. Il avait essayé de trier les informations au moment du réveil, il avait essayé à l’aveugle de savoir ce qui était faux et ce qui était vrai. Ça n’avait pas été simple, et il s’était construit sur des ruines.

C’était écrit dans ma veste. J’avais que mon prénom écrit sur une étiquette et y avait marqué Calvin Klein. Je sais pas qui c’est mais j’ai pris son Nom. Il regarda attentivement Jason. C’est peut-être con mais j’avais pas le choix… Mon nom c’est D. Butler ? D’une nature calme, il observa Jason lui dire qu’il avait changé qu’il n’était plus le même. Il se laissa tomber en arrière, sur le dossier du fauteuil qui grinça sous son poids. Sa main libre se posa sur sa cuisse qu’il se massa inconsciemment, le regard dans le vide. Jaxson Butler, avait-il soufflé. C’était son nom. Il avait l’impression de retrouver une partie du puzzle.

Il n’y a qu’en toi que je puisse avoir confiance. Il inspira profondément. Il avait besoin de lui pour se rappeler, de sa présence pour ne pas devenir fou avec le monde actuel. Jason était le seul, le seul qui savait tout de lui. Et pourtant il se crispa. Cette pointe d’amertume dans sa voix… Avait-il toujours été comme ça ?

J’ai changé parce qu’en cinq ans je n’avais personne pour m’aider et maintenant que tu es là, tu le fais avec réticence. Il tapa du plat de la main sur l’accoudoir en détournant le regard vers la fenêtre. Il ne cacha pas sa surprise à la mention du Seigneur.

Les amis se soutiennent peu importe leur différence d’opinion non ? Ou bien même sur ça je me suis trompé ? Il le fixa, les yeux emplis de colère. Tant pis, il irait demander pardon au Seigneur plus tard. Il passa une main nerveuse dans sa barbe essayant de parler avec sincérité. ET si j’ai toujours été croyant pourquoi ça te semble si aberrant ? Pourquoi tu ne veux pas m’écouter ? Pourquoi tu ne me regardes pas ? Qu’est ce que j’ai fait ?! Je veux que tu me pardonnes ! ET je compte bien faire en sorte que tu le fasses !

Il se leva, hors de lui, le chien releva les yeux vers lui en couinant. Dis moi ! Regarde moi, bordel ! Jason ! Toi tu n’étais pas là ! Dieu oui ! T’étais où ? C’est toi qui te rappelle !! C’est toi qui devait venir me chercher ! Comme pour cette putain de soirée karaoké ! Jaxson était hors de lui et n’entendait plus ce qu’il disait, les yeux électriques ! Les poings serrés, il écrasa le papier entre ses doigts. Il siffla entre ses dents, lui jeta le papier qu’il avait gardé depuis le début à l’église et se dirigea vers la porte.

(c) DΛNDELION

Il voulait disparaître. Prendre Eleanor avec lui et partir. Fuir. Il n’aurait jamais dû l’écouter et quitter leur chalet au bord de l’eau.
La mort au bord des lèvres, le coeur meurtri au bord des cils, Jason fixait la moquette qui était aussi fade que l'atmosphère de la pièce.
C’était complètement insensé. Mentir comme ça à Jaxson, il n’en se serait jamais cru capable et pourtant. C’est moins douloureux. Et il ne voulait pas refaire tout un travail sur son acceptation. C’était trop pour Jason, beaucoup trop.
Et il l’entendais s’énerver. Et plus, il s'énervait, plus son coeur se serrait. Comme pour l’empêcher de battre à nouveau pour lui.
“Y’a rien à dire. On se connait depuis longtemps, c’est tout”
Jason perdait patience.
Et c’est fou comme il redevenait lui même.
Adieu l’acceptation des autres, les énergies et les pensées positives.
Le Nouveau Jaxson foutait tout son travail sur lui même en l’air.

Klein. Un nom bizarre pour une nouvelle identité. Jason étouffa un rire en entendant l’explication. Du Jaxson tout craché. “Bé… Jaxson. Calvin Klein c’est une marque de vêtements.”
Le vêtement qu’il avait acheté pour le mariage. Pour Leur mariage. Leur union de rêve.
Le leur. Et cette saloperie d’Infection avait tout gâché.
“C’est juste Butler.” Putain, encore un peu et il se faisait griller.
Dostoïevski, c’était pas lui. C’était son souvenir, celui qui avait trouvé le repos éternel dans son coeur.
Pas cet imposteur adorateur de Dieu.

“On ne peut avoir confiance en personne ici.”
Avait-il vécu reclus pendant cinq ans pour croire que la confiance était une valeur répandue dans ce nouveau monde ? Et surtout pas en Jason. Le mensonge. Tant de mensonges pour au final tenter de s’en défaire mais Jaxson semblait s’accrocher à lui telle une moule sur son rocher.
Jason sursauta au son de sa main sur l’accoudoir. Jaxson s'énervait. Et ce n’était jamais bon signe et il eut un mouvement recul sans désserer ses mains, sans changer la direction de son regard.
“Calme-toi.”
Mais c’était comme parler à un sourd.
Il ne l’écoutait pas.
Jason grimaça. Il avait raison. Se réveiller seul à du être une terrible épreuve, il a du se sentir désorienté. Mais il avait disparu, et pourtant Jason avait fouillé toute la ville pour le retrouver.
“Nous ne sommes plus amis, je te dis.”
Jason aurait mieux fait de se taire mais la colère de Jaxson était contagieuse et lui aussi sentait son corps bouillonner.
Ses croyances, oui c’était aberrant. Parce qu’il s’enferme dans un carcan qui l’empêche d’être lui même et tout ça à cause de Dieu et de ses versets bibliques à la con. Jason serra les dents. Inspira avec profondeur et tenta de se calmer par la seule force de sa respiration. Cela fonctionna un temps mais le silence de Jason rendit fou son ex petit ami.

Lorsque Jaxson arriva en furie devant lui, Jason recula et mis ses mains devant ses yeux comme pour parer un éventuel coup.
Il était sauvage, indomptable et qu’importe, Jason n’avait plus la force de l’apprivoiser.
C’était terminé et leur histoire était derrière eux à présent.
Jason croisa son regard déformé par la haine. Une haine envers lui méconnue. Jason se leva d’un bond et prit peur. Mais la rage vient le contaminer. Il n'était pas venu ? Il se jeta sur lui avec une force surhumaine et attrapa son col : “MAIS PUTAIN JE SUIS VENU TE CHERCHER !” Jason était fou, encore plus fou que Jaxson. “ET NE ME PARLE PAS DE CE KARAOKE JE T’AI RACONTE LA VERITE ! “ D’une force qu’il ne connaissait pas, ils reculèrent ensemble vers la porte. La main de Jason vint à la rencontre de la joue de Jaxson avec violence “Dégage d’ici !” Il aurait peut être dû choisir Milan finalement, et ne jamais le rencontrer. Du poing il frappa dans son torse, évacua toute sa colère, toute la tristesse qu’il avait eue sans en parler, sans pouvoir la partager avec quiconque. “Va t-en, va t’en !!!” Il le détestait.
Il le haïssait.
Avec toute sa force, il le poussa dehors.
Il ferma la porte d’un geste et s'appuya contre elle.
Il inspira un long moment, la tête entre ses mains.
Il s’écroula au sol et donna un coup de poing sur cette horrible moquette fade.
Ses os craquèrent, sa main était broyée.
Invalide tout comme son coeur.

(c) DΛNDELION

Jaxson n’avait jamais été doué pour les vêtements. Alors il avait prit la marque Calvin Klein pour son nom. Jaxson Klein. Ça sonnait bien, non ? Mais non il s’appelait Butler. Simplement Butler. Ça nom était bien. Bien mieux que celui qu’il avait cru avoir. Il étira un petit sourire.

Je suis pas doué pour ce genre de truc, faut croire. Sur la question de la confiance, son sourire s’effaça. Avec qui faire ami/ami ? Pas lui apparement. Il baissa les yeux. Il avait cru voir en lui, un lien. Un lien fort. Aussi vite construit aussi vite brisé. Il avait envie de rire mais il était vexé. Mais il ne resta pas calme sous ce regard froid qui le fusillait. Il se leva, hurlant que Jason n’était pas venu le chercher. Il l’observa, tout proche l’un l’autre, voyant sa poitrine s’élever plus rapidement. Il ne lâcha pas son visage, ‘espérant qu’il voit à quel point il était déçu, et à quel point le fait qu’il le repousse l’énervait sacrément. Il n’était plus le même, il avait changé peut-être. Jax lâcha bruyamment son souffle comme si jusque là il s’était retenu de respirer. Jason lui attrapa le col, lui hurlant au visage. Ils reculèrent ensemble contre la porte. Son visage à un cheveu du sien. Sa main sur sa joue en un claquement sec.

Il se redressa à peine pour le regarder, les discours étaient finis. Jaxson écarquilla les yeux, entrouvrant les lèvres. Il était sous le choc, c’était la première fois que Jason le frappait… du moins il en avait l’impression. La force de l’homme était telle comparé à lui. Il sentait la brûlure sur sa joue et la trace rouge qu’il avait laissé comme une marque indélébile. Jason le frappa violemment au torse mais le prêtre passa ses bras autour de lui, glissant ses doigts sur sa nuque. Ce qu’il ressentait était plus fort que la raison. Surtout quand il était question d’abandon. Il le serra contre lui. Ces sentiments qui lui tordaient les tripes sans qu’il ne sache pourquoi, à l’envie de le serrer plus fort encore. Il se sentit trembler contre lui, il n’avait jamais ressenti ça. Il avait ces vagues de chaleur, des frissons sur la peau, et des moments comme celui-ci où tout le dépassait, où aucun mot ne pouvait correctement décrire la situation. C’était indescriptible, comme serrer la chose la plus cher au monde ; pourtant Jason lui avait dit qu’ils n’étaient plus le meilleurs amis d’antan. Alors qu’étaient-ils ? Pourquoi ? Jaxson écrasa les paupières, posant son menton contre lui. Un câlin pour le calmer. Il en avait besoin lui aussi. C’était étrange, non ?

Non, att… Il fut projeté dehors et la porte claqua. La main de Jaxson se posa sur le bois. Sa main glissa dessus, posant son front contre la matière si froide. Il aurait dû être son pilier, son soutien, sa force quand ça n’allait pas. Son tout… Jaxson resta là, immobile, les jambes tremblantes. Il écrasa les paupières et souffla :

Jason… je suis désolé. Il marqua une pause. Je sais pas ce qui m’a pris… Je t’en prie. Ouvre moi. Je suis désolé. Il prit quelques instants pour souffler : J’ai besoin de toi. Ces années ont été mouvementées, et l’avenir a été totalement réécrit, plein de possibilités s’offrent à nous… alors…. laisse moi me racheter.

(c) DΛNDELION

La main brisée, Jason ne pouvait s’empêcher d’avoir plus mal au coeur qu’à ses doigts. Il repensais à cet instant, là plus tot, où Jaxson l’avait pris dans ses bras.
Il avait l’impression d’avoir fait un bond de cinq ans en arrière.
Ses bras, ils s’y sentait tellement bien avant.
Et aujourd’hui ? La torsion de son estomac sous la douceur de ses doigts dans sa nuque lui avaient fait peur.
Avaient réveillé ses sentiments.
Il y serait bien restés dans ces bras, mais, il en pouvait pas. C’était impossible qu’ils retrouvent leur vie d’avant, impossible. Jaxson n’était plus Jaxson.
C’était plus qu’une coquille vide.
Une coquille qui s’accrochait à lui telle une sangsue.
Et Jason sentait qu’il pouvait faire ce qu’il voulait, il ne pourrait s’en défaire.
Même le nouveau Jaxson était tenace. Et diablement têtu.
Jason glissa sa main valide dans son cou où les doigts de jaxson s’étaient logés un peu plus tôt.
Un vide.
Un vide lourd de sens.
Jason avait envie de s’enfoncer dans le sol.
Il avait senti ses bras autour de lui, ses doigts, son odeur.
La même odeur.
Les mêmes bras.
Les mêmes caresses.
Le même Jaxson ? Non…
Et pourtant.
Le doute s'immisce en lui. Il paniquait. Cette peur de souffrir à nouveau lui barrait la vue mais la vision de Jaxson étaient plus fort. Il était peut-être toujours là finalement.
Peut-être.
Le doute s’immisce en lui tandis qu’il tente de ne pas écouter les propos de Jaxson à travers la porte.
Mais il est faible. Il se lève et lui aussi se colle à la matière froide.
Il écoute attentivement.
Il était désolé, et il avait besoin de lui. Ces longues plaintes, Jason les prenait comme un fardeau, une malédiction.
Il ne pouvait pas le regarder, il ne voulait pas lui parler, c’était trop douloureux. Et….
Il l’aimait toujours.
Jason ferma un instant les yeux et profita du silence pour prendre une décision. Il avait raison, la vie leur offrait plusieurs possibilités mais lui n’en voyait qu’une seule. Ils ne pouvaient plus être ensemble et pourtant, Jason était le seul qui pouvait l’aider. Mais parler était trop dur.
La fenêtre qui était restée entrouverte amena un courant d’air qui vint caresser la joue de Jason. Un message. Un conseil. Le brun ouvrit les yeux et une bourrasque ouvrit son carnet qui était posé là. La voilà la solution.
Mère Nature ne l’avait pas abandonné.
Jason attrapa de sa main valide son carnet et le sera précieusement contre lui. Il y avait tout dedans. Tous ces maux, mais surtout leur histoire à eux et le dur et long cheminement de Jason.
Mais Jaxson y trouverait les réponses qu’il cherchait.
Rassemblant tout son courage il ouvrir la porte et lui tendit son carnet.
“Tiens, prend ça. Je t’en fais cadeau. Tu y trouveras sans doute les réponses à toutes tes questions.” Il ravala sa salive, baissa les yeux. Son regard si bleu le tétanisent. “A présent, laisse moi tranquille. Oublie-moi.”
Jason recula et ferma une nouvelle fois la porte.
Et ce, définitivement.

(c) DΛNDELION