jusqu'à l'aube (anakin)

jusqu'à l'aube

anakin & del

Assis sur une chaise à moitié décapitée, tu te reposes quelques instants. Le ciel est gris, mais entre les nuages tu distingues quelques rayons de soleils qui te font penser à avant l'apocalypse, et tu profites de ces quelques instants hors du temps. Un soupir s'échappe de tes lèvres et tu commences à t'assoupir sur cette chaise inconfortable, mais qui semble le summum du luxe pour ton corps fatigué et ton esprit vaporeux. Le registre tenu comme une peluche, bien caché sous ton gilet à la tirette fermée jusqu'au menton, tu fermes les yeux et tu t'endors paisiblement. Des rêves peuplés de trolls, d'orcs, d'elfes et de worgens, tu te rêves chef de l'Alliance, affrontant dignement les peuplades sauvages menées par Vol'Jin et ses troupes, chef de guerre d'une époque. Mais ton rêve se volatilise à l'instant où tu vaincs le boss, et tu n'as pas le temps de fêter ta victoire qu'une présence extérieure t'éjecte de ton rêve. « J'ai win! » Tu marmonnes, réveillé en sursaut, faisant craquer la chaise d'une façon n'augurant rien de bon. « Quoi ? » Tu demandes, la voix basse et l'impression d'avoir manqué quelque chose, face à un chef de syndicat. Tu blanchis, te reculant un maximum sur ta chaise et la faisant craquer d'autant plus. Tu te figes, peut-être qu'il ne t'as pas vu ? Enfin. Si, il t'as vu. Tu le sais et tu soupires, t'as pas fait vraiment fait exprès de t'endormir en pleine journée et tu te sens pris en faute. Comme un petit garçon qu'on surprend à voler un gâteau dans la boite à biscuits. « Je. Euh, monsieur ? » Tu demandes poliment, sans trop savoir où te mettre à présent. « Quelqu'un à enregistrer ? » Tu questionnes, quittant certains automatismes pour en faire d'autres, pianotant sur les accoudoirs en rythme et fixant le vide à côté d'Anakin. Tu le connais, pour faire partie des scientifiques, mais au delà de ça tu ne lui as jamais vraiment parlé. Comme à la plupart des habitants de Destiny d'ailleurs. Même si au fond, tu leurs as tous parlé au moins une fois, ne serait-ce que pour les enregistrer. Tu ne te souviens d'ailleurs plus tellement de comment ça s'est produit, mais tu t'es retrouvé un beau jour avec un cahier dans les mains, un bic, et on t'as dis d'aller enregistrer les gens. Alors, pourvu de ta mission de pnj grandeur nature, tu as pris ça avec le sourire et tu es allé demander à tout le monde un nom et un prénom pour garder une trace. Ça doit être pour ça qu'il est là, non ? Certainement un nouveau venu que tu dois aller questionner. Alors pourvu de ton sourire tu te lèves sans attendre une réponse du scientifique, stationné sur tes grandes jambes et le regard portant vers les portes. « J'y vais. » Tu lâches, prêt à aller faire ton travail sans attendre.

(c) DΛNDELION

jusqu'à l'aube

anakin & del

J’étais face à un sacré champion, ça oui. Bon, qu’il dorme en plein jour, ça c’était pas vraiment mon problème, et je ne comptais pas spécialement lui chercher des poux pour ça, mais ouais, c’était quand même un sacré champion. Et ce type était supposé être la mémoire de la ville… Puis, il a « win » quoi, au juste ? Le droit de se réveiller ? J’avais à peine interpellé, histoire de voir s’il allait se réveiller. Puis s’il se mettait à m’appeler monsieur… « Anakin, s’il te plaît, sérieux. Pas de monsieur. Et non, personne à enreg… » Mais c’était qu’il était pas réveillé, puisqu’il disait qu’il y allait en se levant. Je décroisai mes bras, pour l’attraper par le biceps, qu’il s’arrête juste un instant. « Du calme. Personne n’est arrivé aujourd’hui, et comme tu ne fais rien, j’ai un taf pour toi. Viens avec moi. »

Je le lâchai, en espérant qu’il me suive effectivement en direction de l’école, qui n’était pas trop loin. Une expédition de trouve-tout était revenue et ils étaient drôlement fatigués – ce qui se comprenait largement. Simplement, du coup, ils avaient tout déposé devant l’école, sans trop se poser de question, et du coup, c’était à nous de ranger. J’avais déjà récupéré les médicaments, puisque ce n’était pas des trucs en très grande quantité. Par contre, y’avait des rames de papier, et des cahiers. Avec pas mal de livres aussi pour remplir la bibliothèque, c’était Asteria, l’Instit’, qui allait être contente.

En gros, fallait ranger tout ça. C’était pas mon taf, mais il allait pleuvoir, ça se sentait dans l’air, donc si je laissais ça dehors, sous prétexte que c’était pas pour mon syndic’, ça allait être foutu. « Voilà, y’a du papier et des bouquins, faut porter ça dans la réserve et ranger dans la bib’, enfin, tu connais l’endroit où tu bosses hein. » Et je me mis en action en attrapant déjà un gros tas de papier dans mes bras, en me penchant en avant, paré à faire bien une dizaine d’allers-retours, en espérant que je venais pas de récupérer la pire des aides possibles et imaginables… Parce qu’un truc me disait qu’il n’était pas le type le plus efficace au réveil.

Juste pour vérifier ma pensée je restai planté là jusqu’à ce qu’il s’active. Allez, il était pas si gringalet que ça, il allait bien être utile, hein ?

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jusqu'à l'aube

anakin & del

Complètement dans tes pensées tu as du mal à revenir à cette réalité que tu prends encore pour du virtuellement bien foutu. Tu te rappelles plus du nom du gars qui te réveilles et à vrai dire ça t'importe peu, tu as du travail, tu en es persuadé, et c'est pour ça qu'il est venu te réveiller. Tu le regardes à peine, et quand tu entends son prénom c'est comme si tu n'avais rien entendu du tout. Mais qu'il te prenne par le bras... Tu te retournes avec les yeux exorbités vers lui, tendus dans tes muscles et tes gestes, et ses mots sans menaces t'empêchent de paniquer. Mais quelle idée aussi d'attraper quelqu'un avec autant de force si ce n'est pas pour lui faire du tort ? Tu reprends une respiration calme avec difficulté, comptant à l'envers. Vingt, dix-neuf, dix-huit, dix-sept... Jusque moins cinq. Tu passes tes mains sur ton visage pour essayer d'enlever le reste de sommeil sur tes traits, et tu finis par le suivre en ayant conscience que tu n'es pas en danger. C'est si difficile malgré les presque deux mois que tu as passés ici, de te débarrasser d'automatismes bien ancrés dans ton corps. « Je-je viens. » Tu trottines pour arriver à sa hauteur, près de l'école que tu connais bien, et devant laquelle s'étale une tonne de papier et demi. Tes pupilles s'éclatent et tu t'approches à pas lents de cette immensité blanche et noire, espérant peut-être, y trouver quelque chose de plaisant à tes yeux. Ton palpitant a du mal à en croire ses ventricules, alors que tu plonges les mains dans un des cartons éventré. Tu sors un livre, pas très épais, et tu te mets à lire la couverture, deux fois. La quatrième de couverture, deux fois. Et tu feuillettes le bouquin, commençant à lire les pages de la fin, le visage complètement verrouillé sur les phrases qui s'entrechoquent dans ta tête. Les livres c'était ta vie, ton âme, et maintenant qu'il y en a un entre tes mains - et que tu n'aies pas encore lu et re-relu - tu trembles d'une sorte de bonheur contenu et mélangé d'impatience. Il a dit quelque chose, l'autre gars ? Tu sais pas, dès que tes yeux se sont posés sur les piles de papier tu as été accaparé, et planté sur tes deux jambes tu lis les pages à l'envers, relevant à peine le nez pour passer les pages que tu lis à une vitesse telle que tu ne lis pas vraiment. Tu l'as complètement oublié, l'autre gars, le chef de syndic. S'il avait su à qui il s'adressait, jamais il ne t'aurais demandé de l'aide. Mais la profusion de papier t’interpelle et tu parviens à te détacher on ne sait trop comment, de ce premier livre que tu mets dans ta capuche, n'ayant pas de place dans ta poche avec le registre déjà rangé dans l'une. Tu sembles devant les portes du paradis, et nul doute que ton paradis à toi s'est transformé en la plus grande bibliothèque du monde.

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jusqu'à l'aube

anakin & del

J’avais attendu qu’il se bouge, et sérieusement, j’avais bien fait. Parce qu’il se bougeait pas, au contraire. Non, pire que ça : il avait ramassé UN livre, et s’était mis à… A le lire, je crois. Ca avait pas l’air, les pages défilaient trop vite. J’étais totalement ahuri. Sérieux ? Il était vraiment en train de lire ce livre devant moi, alors même qu’il était censé m’aider à porter ces cartons et sac à l’abri. « Hé ! » C’était probablement la première fois qu’on rejetait de cette façon mon autorité, en fait, je crois bien que ce fut la pire fois. Il m’avait totalement ignoré, est-ce qu’il avait un problème mental, un truc du genre ? C’était pas que je voulais jouer sur les préjugés, mais il n’avait pas l’air, physiquement, je voulais dire. On ne pouvait pas toujours soupçonner les conditions juste par le faciès au final…

Quand je disais que j’étais tombé sur un champion… Même mon interpellation n’avait servi à rien, j’étais encore une fois passé à la trappe, jusqu’à ce qu’il range le livre dans sa poche. « Non, mais non ! » Je posai à terre ce que j’avais déjà pris dans mes mains, pour revenir vers lui. Il était probablement juste con, en fait. « T’étais pas censé lire le bouquin, et encore moins le prendre, en fait. » Bon, ce n’était pas comme si y’avait une bibliothécaire, tout le monde empruntait et rendait bien quand il voulait, simplement, juste, quand même, fallait être dans le boulot quand on y était. Que je sache il était pas en congé lui. « Tu vas faire quelque chose ou pas ? » J’étais pas agréable là. Mais j’avais la sensation qu’il me cherchait, vraiment beaucoup.

Ca tombait bien, j’avais pas mal de frustration en réserve, entre Billie qui m’avait tapé sur le système, ce crétin qui avait aussi failli faire tomber la réserve d’antitussif aussi… J’allais pas faire la liste, auquel cas j’allais réellement être méchant, et je ne voulais pas. Je tenais quand même à être plus ou moins bien vu, pas finir comme étant le tyran le moins crédible du monde.

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jusqu'à l'aube

anakin & del

Un autre livre attire tes pupilles, et tu t'apprêtes à le sortir du carton pour le feuilleter, malgré que ce soit un livre de coloriage. T'en achetais jamais, avant, et il n'y a ici aucune couleur pour le remplir de toute manière. Ils ont cambriolé un magasin de jouets peut-être, les trouve-tout qui ont ramenés ça ? Aucune idée, mais l'apparition éclair du chef de syndicat t'arrêtes net. Le livre dans la main, il glisse doucement de ta main vers le carton, tu comprends pas pourquoi il est aussi désagréable. Tu regardes à côté de sa tête, presque à hauteur de ses yeux à cause de ta position courbée, la tête relevée vers lui. Tu clignes des yeux plusieurs fois, dérangé par ce type duquel tu refuses de chercher le prénom. Tu le vois rarement quand tu fais le tour de la ville, en plus. « Je vais faire quelque chose. » Tu réponds, sur la défensive alors que t'est toujours courbé et en version arrêt sur image. Tu vas faire quelque chose, certes, mais sans doute pas ce qu'il aimerait te voir faire. Tu souffles, soupires, alors que tes yeux reviennent vers les cartons qui s'étendent devant toi. Tu vas regarder tout ce qu'il y a dedans, et tu vas en avoir pour des semaines. Un timide sourire s'étend sur tes lèvres, et tu prends un autre livre à la couverture rouge et or, un livre d'illustration sur un thème sorcier. Sauf que tu te sens mal, alors que tu lis deux fois le titre du bouquin, sentant le regard de l'autre sur toi. Il peut pas partir, lui ? Un frisson te parcours l'échine, et tu finis par mettre dans ta capuche, ce second ouvrage pour le lire plus tard. T'es mal à l'aise et tu déglutis, y'a une sorte de menace chez ce type étrange et t'arrives pas à comprendre d'où viendrais la menace. « Je vais faire quelque chose. » Tu réponds encore, essayant de te soustraire à lui, pour retourner tranquillement lire les livres qui n'attendent que toi. Malheureusement ce n'est pas un zombie, peut-être que si ça l'avait été tu aurais su comment réagir, mais là c'est le blanc total. Pourquoi il ne te laisses pas simplement tranquille, comme à peu près tout un chacun à Destiny ? T'es sous tension, t'aimes pas ça, et t'essayes petit à petit de t'éloigner de lui sans provoquer une course poursuite.

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jusqu'à l'aube

anakin & del

Il se foutait de moi. Il se foutait réellement de moi. Deux fois il me disait qu’il allait faire quelque chose, qu’il était bien décidé à faire quelque chose. Mais il faisait que me regarder en coin comme si j’allais lui en coller une – ce qui n’était pas loin d’être le cas, juste entre nous. En plus de ça, ouais, il faisait quelque chose, il prenait ENCORE un livre, pour le regarder, et même qu’il se cache sous sa capuche. Il croyait réellement que sous sa capuche il allait devenir invisible ? Oh ! Où est passé le mec que j’ai pris pour m’aider ? Il a disparu ? Oh bah je vais continuer à travailler sans lui alors.

Mais non seulement il ne faisait rien de satisfaisant mais en plus de ça… Il commençait à se barrer. Totalement médusé, j’avais juste continué à le regarder faire, les bras ballants. Est-ce que nous étions dans une sitcom ? Une de ces émissions comme Friends où des trucs totalement illogiques arrivaient, et t’avais juste à les voir arriver ? J’allais certainement pas le laisser faire, non.

Je marchai vite vers lui, attrapant son bras, peut-être de façon trop virulente. « Tu te fiches vraiment de moi. T’es teubé ou quoi ? » En posant la question, je me rendis compte qu’il l’était peut-être. Parce que pour mettre un mec qui avait l’air en forme derrière un bureau à juste tenir le registre des noms, devait y avoir une raison que je ne connaissais pas. Oh merde, est-ce que j’avais réellement manqué de tact ? Là de suite, maintenant ? Devant un mec qui… Oh merde. « Dis moi que t’es pas teubé. » J’étais catastrophé, et en plus de ça, j’en rajoutais une couche. Non, vraiment bien joué Anakin.

J’avais un réel manque de talent dans les relations sociales, et je devais avouer que les personnes atteintes de… de… Comment dire ? D’autisme ou je ne savais pas trop quoi, je n’en avais pas vraiment croisé. A part ce mec avec Asperger qui était tellement doué qu’il faisait un doctorat à genre vingt ans. Pas vraiment le même délire.

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jusqu'à l'aube

anakin & del

Ce mec, tu le classes directement dans la catégorie des gens à éviter. Un mec qui parle sec, pas franchement agréable, et qui en plus te regarde avec l'air de vouloir t'en coller une, c'est pas ton délire. Si t'avais su qu'un mec pareil se retrouverait sur le chemin de ton moment off, tu aurais pris le temps de retourner dans ta chambre à l'hôtel. Mais non, t'as préféré profiter d'un temps plutôt neutre, ni mauvais ni bon pour être dehors. Au cas où quelqu'un de nouveau arriverait à Destiny, peut-être ? Ton bras droit serré contre ton gilet et surtout, maintenant tout contre toi le registre, tu fais quelques pas sur le côté pour éviter ce gars malhabile. Sauf qu'il ne l'entend pas comme ça et qu'il t'attrapes le bras avec force. Tu te figes un instant, pris au piège, et tu attends le bon moment pour détaler. Mais ce qu'il te dit te touches, et ta lèvre tressaute. Toi, teubé ? L'image te fâches, et si tu ne lui réponds rien tout de suite tu détaches ton bras de là en tirant un coup sec. Tu ne croises pas son regard, mais si c'était le cas tu lui lancerais des éclairs de tes iris sombres. Et c'est qu'il en rajoute une couche, en plus ! Tu te mords la lèvre pour éviter de répliquer et tu lui tournes le dos, t'accroupissant pour prendre une caisse de livre. Ah, il a voulu t'insulter, t'as insulté, il est définitivement dans la case à éviter. « Laisses moi tranquille. » Tu marmonnes alors que tu amènes la caisse plus loin. Le travail ? Tu vas le faire tout seul, pas besoin qu'un désagréable personnage vienne te casser le moral. « J'suis pas débile. » T'ajoutes, dégoûté qu'on pense ça de toi. T'as pas conscience que tes manies et tes tocs que tu fais pour te rassurer, te font passer pour ce que tu n'es pas au fond de toi. Enfin, tu devrais en avoir conscience, vu ce que tu entends parfois marmonner dans ton dos, mais tu préfères laisser tomber ce combat là. Tu soupires, avisant une caisse particulièrement lourde que tu as du mal de soulever. A la librairie, tu avais un outil particulier pour les grosses caisses, et franchement ça serait bien utile maintenant.

(c) DΛNDELION