Here comes the Hurricane [ft. Ivrhys]

Here comes the hurricane

C’était un joli début d’après-midi pour moi. J’avais pu oublier la petite altercation que j’avais eu ce matin avec mon colocataire, Rhys, grâce à mes tâches. M’occuper de ces bêtes me permettait de me détendre et de penser à plein d’autres choses. C’est pourquoi la matinée était passée très vite et après ma pause déjeuner, il me restait une ou deux heures à travailler avant de pouvoir rentrer me reposer. Je m’étais levée tôt pour effectuer mes tâches, histoire d’avoir du temps pour profiter de mon après-midi.

C’est une fois mes tâches enfin finies que je rangeai le matériel dans le cabanon et pris le chemin de la ville. Les champs n’étaient pas trop éloignés, heureusement. Je soupirai légèrement en sentant le changement de sol sous mes pieds. Le bitume refaisait surface, la dureté de la ville était là. Déjà j’apercevais les gardes, armés et déjà, j’évitais leur regard. Je m’étais adaptée à cette ville, mais pas à ça.

J’arrivai finalement à l’hôtel, puis devant la porte de ma chambre, enfin, notre chambre, à Rhys et moi. Qui avait eu l’idée de faire que ce soit mixte ? Je n’étais certainement pas la seule à avoir ce problème, non ? Bon, j’aurais aussi pu me retrouver avec mon père, puisque les familles étaient rassemblées. Heureusement, celui-ci avait demandé à être avec quelqu’un d’autre.

Enfin bref, je respirai un bon coup avant d’ouvrir la porte. Je fus accueillie par un Rhys de toute bonne humeur, évidemment et qui déjà me balançait de belles paroles. « Oh oui, bonjour Rhys ! Mais je vais bien et toi Rhys ? » Mon ton était provocateur et je savais qu’il n’aimerait pas forcément ça. C’était sorti tout seul. J’aurais pu faire plus attention comme il avait tendance à devenir un peu agressif parfois. Il ne me rassurait pas toujours. Mais en même temps, il n’avait pas à me reprendre sur mes affaires. Ce qui m’appartenait était mon problème tant que je n’empiétais pas sur son côté. C’est pourquoi j’enchainai « Et comme je te l’ai déjà dit ce matin, moi aussi, cette partie est la mienne. J’en fais ce que je veux. » Et à y regarder de plus près, il n’y avait pas grand-chose qui était mal rangé. Je n’allais pas faire mon lit au carré pour la simple raison qu’il avait fait l’armée. « T’as qu’à demander à changer de chambre si je suis autant un problème que ça. » Le ton était moins provocateur que tout à l’heure, mais ce Rhys avait l’art de faire ressortir des choses en moi. Ce n’était pas juste que je me fasse engueuler pour ça.

Codage par Libella sur Graphiorum

Here comes the hurricane

Je levai les yeux au ciel en entendant sa réponse. Du désordre... Qu’est-ce qu’il fallait pas entendre… Je jetai d’ailleurs un œil à ma partie de chambre et à part mon lit fait à la va-vite et deux livres déposés par-terre, je ne voyais vraiment pas ce qu’il avait à me reprocher. Ah ! Une chaussette oubliée sous mon lit ! Je soupirai. « T’es au courant qu’on a vécu cinq années d’enfer et que tu m’emmerdes pour une chaussette ? » J’y étais peut-être allée un peu fort sur les termes. Je ne savais pas comment il allait réagir. Mais merde aussi. On avait vécu le pire, appris à vivre avec rien, à avoir peur à chaque instant et lui ? Qu’est-ce qu’il faisait ? Il me reprenait pour un lit pas fait au carré. Il pouvait déjà être content d’avoir un matelas et un toit sur la tête !

De plus, il menaçait de jeter mes affaires et mon poing se serra. Qu’est-ce qu’il pouvait m’énerver. « Tu touches pas à mes affaires. Je touche pas aux tiennes, c’est pareil pour toi. C’est pourtant simple. » Et il me traitait de hippie par-dessus tout ça. Je ne pus laisser échapper un rire exaspéré. « Un hippie… » Je levai une nouvelle fois les yeux au ciel. « Je vois pas comment t’as vécu jusqu’à maintenant en réagissant comme ça aux autres. » Pour mimer sa posture, je croisai moi aussi les bras. « J’vais effectivement pas avoir le choix que de demander à changer de chambre si tu continues à être aussi désagréable. Et je suis de loin pas la pire, alors méfie-toi. » Je posai mon regard dans le sien. « Surtout qu’ils ont certainement autre chose à foutre que répondre à ce genre de caprices. On revient d’apocalypse je te rappelle. »

Puis je me tournai et décidai de ranger les deux livres et de les poser sur ma table de chevet, puis ramassai ma chaussette. « Mais puisque mon si grand bordel te gêne, très bien, je fais l’effort de ranger mes petites affaires. Mais j’attends en retour que tu sois moins pointilleux. »

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Here comes the hurricane

Je me relevai, ma chaussette dans la main et posai mon regard dans celui de Rhys alors qu’il parlait à nouveau. Non mais il était sérieux ? Il croyait vraiment qu’en venant à Destiny, les gens seraient ordrés ? Après avoir vécu cinq ans comme des sans-abris ? Les gens s’étaient habitués à pouvoir laisser tout en plan puisque pour la majorité, avoir un toit signifiait y rester que quelques jours avant de reprendre la route. A quoi bon en prendre soin ? A quoi bon garder de l’ordre. Il espérait donc sincèrement que nous étions tous devenus des maniaques du rangement ? Je ne répondis d’ailleurs même pas à sa question. Je ne savais simplement pas quoi répondre de toute façon. Nous étions tellement opposés lui et moi que je pensais sincèrement que notre cohabitation était peine perdue. Oh j’aurais pu aller me plaindre à mon père, le supplier de faire quelque chose, c’était son chef après tout. Mais je n’étais pas ce genre de femme. Surtout que j’avais encore le doute que mon paternel accepte de faire quelque chose pour moi. Je le voyais déjà me dire à quel point Rhys était un bon élément pour la ville, que je devais apprendre à le connaître et bla bla bla. Il ne changerait jamais, tout comme ce Rhys.

Il était d’ailleurs passé aux menaces, avait avancé d’un pas, me provoquant une légère sueur froide dans le dos, avant de reprendre le même discours que tout à l’heure. Et il m’appelait poupée, ce qui avait le don de m’agacer plus que le reste. L’œil noir, je lui lançai dans un souffle : « J’suis pas ta poupée. » Encore moins ton larbin. Et sans que je m’y attende, vinrent les remarques sexistes. Oh celles-là, j’avais vraiment de la peine. Autant le racisme, je m’y étais fait. J’avais subi toute mon enfance. Mais le sexisme. Non. Il me renvoya à « mon travail » d’un geste de main avant de se tourner vers la fenêtre. Durant un instant, plusieurs situations défilèrent dans ma tête. Toutes les manières de m’en débarrasser se pointèrent là, sous mes yeux. Ce que j’avais envie de l’étriper.

Mais je restai plantée là, à le fixer. Qu’attendait-il réellement de moi ? « J’arrive même pas à dire si t’es sérieux. C’est juste pas possible que des mecs comme toi existent encore. » Et qu’il ne le prenne pas pour un compliment, ce n’en était vraiment pas un. Sur le coup, je ne savais même plus quoi faire de lui. Les Gratte-papier ne voudraient certainement pas me changer de chambre, surtout celui qui tenait le registre, son précieux registre. C’était une organisation pour pas grand-chose, qu’ils diraient. Mais la cohabitation était vraiment compliquée et après les zombies et tout ce qui les avait accompagnés, je refusais de devoir subir cette pression quotidiennement.

Alors j’avançai d’un pas, veillant à sa réaction. Il me faisait peur quand même parfois, ce Rhys. Il était tellement imprévisible et tellement peu respectueux envers moi que je me disais qu’il n’aurait aucun scrupule à me frapper. Et ça, j’avais assez donné de ce côté-là. Je refusais de devoir revivre ça. C’est pourquoi j’avais appris à l’observer depuis que nous partagions notre chambre, appris à appréhender ses mouvements. Je n’avançai pas plus et je décroisai mes bras, lâchant un peu mon masque de fer. « J’vais pas pouvoir changer qui ou ce que je suis de toute façon et faudra bien qu’on apprenne à cohabiter. Alors tu proposes quoi ? Puisqu’apparemment on est dans une impasse. » Je le voyais venir de toute façon. Il allait me dire de changer moi, que ce n’était pas à lui de changer.

Codage par Libella sur Graphiorum