Sujet: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Sam 23 Fév 2019 - 14:40 —
Eden North
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La journée avait été longue, trop longue. Enfin cette matinée, du moins. J'avais hâte qu'on s'échappe pour quelques jours, que je n'ai plus à supporter la pression de la ville & cette inconscience de me balader les mains dans les poches. On ne devait pas oublier le monde dans lequel nous vivions. & je ne voulais pas oublier, je voulais toujours me rappeler qu'il y avait des revenants, des bouffeurs de chair. Les voir, les entendre... Les tuer. Ne pas oublier pourquoi nous en sommes là. & ne surtout pas nous cacher derrière ces murs de taules & cet enfer qu'est la conversation bruyante d'une ville bien trop tranquille. Ca nous portera préjudice un jour. On ne s'en sortira pas vivant. & oublier cet instinct, c'est voué le monde a sa perte. C'est pour ça aussi que les journées semblent longues en ce moment. J'ai besoin de vadrouiller, d'avoir un but. & rester si proche de Destiny alors que tout a été ratissé des milliers de fois, c'est comme espérer un miracle. Je veux fuir un peu, découvrir de nouveaux horizons. Ramener à manger, des vêtements, des objets en tout genre. Quand j'ai ramené un livre pour la maîtresse d'école, j'avais l'impression d'être le messie pour ces gosses qui n'ont même pas conscience qu'on vit dans de la merde. C'est insouciance est douce. Merveilleusement douce. Parfois j'aimerais mettre ma parano de côté pour jouir de cette innocence. Ne serait-ce qu'une journée. Même une heure. Je pense que je dormirai mieux.
Puis la docteure qui veut que je lui trouve une robe & des cds. Décidément, les gens de cette ville sont plein de surprise. Mais je ne trouve rien, rien qui vaille d'être portée par un tel rayon de soleil. J'aurais jamais cru qu'on me réclamerait une robe un jour. Mais elle n'est pas comme les autres. Ce serait mentir que de dire le contraire. Elle est casse-couille, mais vraiment envoutante. Un peu trop présente d'ailleurs. Mais la voir courir dans les rues de la ville en criant, râlant ou en chantant, riant. Comme voulez vous l'ignorer cette demoiselle ? Mais je ne m'attacherai jamais à quelqu'un. Que ce soit elle ou quelqu'un d'autre. Je n'ai pas le droit. Quand on voit ce que ça a donné la dernière fois, je ne souhaite pas voir le même schéma se répéter. J'aurais pu être heureux de les emmener ici. Elle aurait été prise en charge & je serais sans doute papa d'une magnifique petite fille. Je sais pas pourquoi je tiens à ce que ce fœtus ait été une fille... Sans doute parce que sa mère venait d'un groupe exclusivement de femmes. Peut-être.
J'approche de la partie de la ville qui n'appartient qu'aux agriculteurs. C'est calme ici, on travaille la terre, on fait perdurer les vieilles traditions de la vie. Cultiver, se nourrir du peu que la nature veut bien nous offrir. Point. Je passe une clôture & m'aventure dans un champ de bétails. Les vaches ne me calculent même pas, c'est si reposant d'être ici. Y a pas de bruits, juste leur sabot sur la terre, les oiseaux au loin & c'est tout. Je m'approche d'une grande mémère. Elles restent tout de même assez maigres, comparées à celles de mes souvenirs. Ça remonte à plus de cinq ans... alors forcément, je dois supposer que c'est plus gros. « Hé, salut ma belle. » que je dis en tapant le flanc d'une vache qui broute. & là. Là, à l'instant même où je pose mes yeux sur elle, je sais. Cette fille, je l'ai vite fait croisé en ville une ou deux fois pas plus. Je ne suis pas là depuis longtemps pour me permettre de reconnaître tout le monde ni même poser des noms sur des visages. Mais elle, elle m'avait marqué. Son regard en dit long & sa peau ébène fait ressortir son côté tigresse. Elle est magnifique. Y a que des belles femmes dans cette ville, c'est incroyable. A croire qu'elles sont choisies sur catalogue. Mais non, Eden, elle ne sont pas comme celles qui ont fini dans ton lit, jadis. Je souris en m'approchant de la jolie demoiselle. Elle sait que je viens ici & elle ne m'a jamais dit quoi que ce soit. Si ça se trouve c'est interdit d'approcher les bêtes, même d'être ici tout court. Je suis un peu maladroit & je manque de me casser la figure quand je l'approche. Fichu trou. « Salut. » Petit signe de la main, sourire. Toujours sourire. « Eden, Le Nouveau. » que j'ajoute pour qu'elle me remette. Ce surnom est arrivé si peu de temps après mon arrivé, & j'ai l'impression qu'il va m'être collé à la peau tout le reste de mon existence. Ça fait plusieurs semaines maintenant & pourtant, on tient à m'appeler toujours de la sorte. C'est un repère pour tout le monde. Je ne vais pas leur enlever ça. « Je ne te dérange pas ? » Sûrement que si, mais vu le soleil aujourd'hui, elle peut bien s'octroyer une pause. « Je peux t'aider si tu veux, je n'ai rien à faire cet aprem. »
FRIMELDA
Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Dim 24 Fév 2019 - 18:48 —
Ivy M. Davis
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Des seaux à la main, il est l’heure de la tournée des abreuvoirs. En ce début d’après-midi, c’est moi qui suis censée le faire. On fait des tournus pour ce genre de tâches un peu plus physiques ce qui n’est pas pour me déplaire. Il y a plus fun que de porter des seaux de plusieurs kilos. Surtout que ce matin, je m’étais occupée de nettoyer les enclos. J’ai donc déjà un peu mal aux bras et il me faut les poser quelques secondes pour reprendre mon souffle. Bordel, l’apocalypse m’a pas aidée. Oui je suis capable de courir bien plus longtemps, de garder mon sang-froid et plein d’autres choses, mais j’ai l’impression d’avoir perdu énormément de poids aussi, donc de masse musculaire. Et ce n’est pas le rationnement qui va arranger les choses.
Je soupire un instant, prends le temps de refaire le nœud dans mes tresses pour qu’elles ne retombent pas sur mon visage, réajuste mon t-shirt et me remets en route. J’arrive vers la porte du premier enclos des vaches, dépose l’un des seaux à l’entrée puis entre avec l’autre. Et c’est en versant l’eau dans l’abreuvoir que je relève les yeux et l’aperçois, Le Nouveau. Il n’est pas là depuis longtemps et même si d’autres sont arrivés depuis, tout le monde continue de l’appeler ainsi. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de parler avec lui mais son sourire m’a toujours donné envie de le faire. Il n’a pas l’air comme tous ses autres mecs qui ne pensent qu’à étaler leurs compétences. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que je le vois traîner autour des animaux, juste pour venir leur faire quelques caresses. C’est pour cette raison que je ne lui ai jamais rien dit. Après tout, on a tous besoin de prendre le large par rapport à Destiny, j’imagine. Si c’est sa manière de se ressourcer, qui suis-je pour l’en empêcher. Et ces vaches ont bien le droit à un peu de douceur.
Il me voit et tout de suite, me sourit, ce qui me fait sourire à mon tour. Il a cette aura lorsqu’il sourit, cette manière d’illuminer son visage, ce qui me provoque quelque chose de fort en moi. On a vécu tellement d’horreur ces dernières années qu’un petit détail comme ça me parait magnifique. Il s’approche, manque de tomber, me provoque un petit rire. « Salut, Eden. » Je suis toujours étonnée qu’il se présente comme Le Nouveau. Ce n’est qu’un surnom qui lui a maladroitement été attribué et qui ne le définit finalement pas. Mais puisque tout le monde continue de l’appeler ainsi, je peux comprendre qu’il continue lui aussi de le faire. Après tout, les habitudes sont difficiles à enlever. « Ivy… » Je ne sais pas s’il connaît mon nom, mais puisqu’il s’est présenté, c’est logique que je le fasse aussi. D’ailleurs, je ne sais pas si les gens m’on surnommée à Destiny. A ma connaissance, il ne me semble pas. Mais peut-être le font-ils dans mon dos. La fille de Barbe Noire. Je ne sais même pas non plus s’ils sont au courant de notre lien. On est tout de même fréquemment ensemble et je ne peux pas juger de notre ressemblance, mais généralement, les gens de sont pas dupes.
« Non, tu ne me dérange pas. Encore moins les vaches. Elles doivent être ravie que tu viennes leur tenir compagnie. » Petit sourire. Il se propose pour m’aider et je suis touchée par son attention. Il aurait simplement vu venir se poser et nous regarder travailler comme le font parfois certains. Le calme des champs attire souvent les lassés de l’agitation de la ville. Mais rare sont ceux qui se proposent pour aider comme vient de le faire Eden. « Et bien, je dis pas non… Je dois remettre de l’eau dans les abreuvoirs et les seaux sont lourds. » Je me permets de discrètement le détailler et ne manque pas son corps bien bâti. Il ne devrait donc pas avoir de soucis avec quelques kilos de flotte. « J’ai laissé l’autre seau à l’entrée, tu veux bien le prendre et le vider dans l’abreuvoir ? »
Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Jeu 7 Mar 2019 - 16:44 —
Eden North
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Ivy. Comme Ivy Poison. Je m'abstiens de tout commentaire, évidemment. Mais faire la corrélation avec un comics d'avant, c'est un goût de retour à la maison. Ces parfums, ces habitudes qu'on ne connaîtra plus. C'est triste & en même temps, je me sens pas si nostalgique. Ces parfums & ces habitudes n'étaient pas bonnes, pas belles. C'était ça mon poison, l'alcool, la drogue & les filles. En espérant que cette Ivy ne soit pas mon nouveau poison. Qui que son regard charbonneux ne peut vous laisser indifférent. Surtout pas toi, Eden. Je souris, parce qu'on sourit toujours aux dames. Même si c'est relativement timide. Depuis quand je suis timide ? Est-ce qu'au fond, je l'ai toujours été ? Non, tu l'étais pas. Pas toi. Pas lui. Mais moi oui. Je regarde les vaches pour faire écho à ses paroles. Une douce voix que j'aime beaucoup. Très chantant. Enfin à mes oreilles, du moins. Je baisse les yeux, rougissant légèrement. J'aurais honte de dire que c'est plutôt ces bonnes vieilles vaches qui me ravissent & m'écoutent sans juger. Que penserait-elle d'un mec qui parle aux vaches ? Il y avait un film à l'époque qui s'appelait : L'homme qui murmurait à l'oreille des cheveux. & bien, je remastérise la licence, je suis l'homme qui murmurait à l'oreille des vaches.
Mais trêve de rêveries & pensées saugrenues. Je propose mon aide, & c'est la première à ne pas la refuser. D'habitude, on me répond poliment que ce n'est pas la peine... Mais si je demande ce n'est pas par bonté d'âme mais pour tuer l'ennui. & une activité en duo ou à plusieurs permet de briser un certain malaise, surtout quand on rencontre quelqu'un pour la première fois. & même si j'ai rencontré plein de monde depuis mon arrivée, je ne suis toujours pas à mon aise dans une conversation normale. Batgirl dit que c'est normal, qu'on a tous perdu nos bases. La survie étant la priorité, on ne s'embête plus avec les futilités du monde d'avant. & pourtant, j'ai l'impression d'avoir deux pieds gauches quand je parle. Ivy ne semble pas s'en soucier, rebondissant sur mes questions & m'aiguillant comme une chef. Elle serait complètement apte à gérer une équipe, si elle en avait une. Je hoche la tête. « Compris. » Je trottine jusqu'à l'entrée & attrape le seau sans renverser l'eau partout. Je suis précautionneux, & j'essaie de camoufler ma maladresse. Je passe dans l'enclos en silence, la zyeutant un peu.
Arrivé devant l'abreuvoir, je verse l'eau dedans en évitant de faire trop de vagues. Le but étant que l'eau reste dedans & ne s'échappe pas à cause de mes manières bourrues. Non, pour la première fois depuis tant d'année, je prends mon temps. Je savoure le calme & l'effort sans pour autant accompagner la précipitation. Les vaches ne nous regardent même pas . Mais je me sens bien. Au calme, au frais. Je la regarde s'affairer alors que je tiens toujours le seau vide dans mes mains. Elle est concentrée, touchante aussi. Je suppose qu'il faut aimer les bêtes pour venir travailler ici. J'aurais pu faire parti de ces nourriciers, si ma liberté ne comptait pas plus pour moi. Je m'assoie sur une clôture & pose le seau par terre en la regardant revenir vers moi. « Tu es à Destiny depuis longtemps toi ? » Une curiosité sans doute mal placée quand on ne connait que peu son interlocuteur, mais j'ai besoin d'en apprendre plus sur cette lionne à la peau d'ébène. Au regard brillant & à ce sourire timide écho au mien factice. Qui est cette beauté brune qui se cache dans les hautes herbes loin du tumulte de la ville & qui ne croise que rarement mon chemin ? « Tu as quel âge ? vingt-cinq ans ? » Je souris, un peu taquin.
Mais Eden, as-tu seulement le droit d'être si curieux ? La réciprocité peut être dur à accuser. Dire qui tu es ou mentir. & elle, si elle te mentait ?
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Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Ven 15 Mar 2019 - 22:57 —
Ivy M. Davis
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Il s’exécute à ma demande et j’ai un nouveau petit sourire. Ça me fait plaisir qu’il ne rechigne pas, qu’il le fasse sans demander son reste. La fin du monde a façonné un nouveau genre d’hommes, plus volontaires. Autrefois, les corvées de ce genre portaient bien leur nom : de réelles corvées. Mais aujourd’hui, toutes ces corvées sont devenues nos échappatoires. Des tâches qui nous rappellent le passé et qui au final nous détendent. Car c’est réellement ce que je ressens en travaillant ici. Je me sens bien, à ma place, sentiment que je n’ai quasiment jamais ressenti dans ma vie d’avant. Ici tout est simple, les animaux sont ce qu’ils sont, pas de faux-semblants et les visiteurs, j’ai le choix de les ignorer ou au contraire, comme Eden, de les accueillir. Mais le choix est le mien. On ne m’en voudra pas d’être sauvage, on ne m’en voudra pas de ne pas vouloir parler de mon passé, on ne m’en voudra pas d’être celle que je suis car nous avons tous souffert, nous avons tous vécu des horreurs. Et ça fait du bien. Et voir Eden s’affairer de cette manière, ça me fait sourire. C’est anodin, c’est un rappel de la chance que nous avons de retrouver un semblant de vie normale.
Il déverse son eau alors que je m’occupe d’aller remplir une nouvelle fois mon seau pour le déverser dans le dernier abreuvoir. Un coup de bras sur mon front pour repousser une tresse qui s’est échappée du nœud et je croise le regard d’Eden qui m’observe, assis sur la clôture. Nouveau sourire tout en retournant vers lui. Je dépose mon seau à côté du sien et il me pose une question. Question que je laisse en suspens un instant, le temps pour moi de m’installer à ses côtés sur la clôture. « J’suis là depuis le début. » Les raisons ne le regardent pas plus que ça et je me garderai de lui parler de mon père. De plus, je lui aurais bien retourné la question, mais j’en connais la réponse puisque j’étais là. « Le Nouveau », ce surnom qui a fait le tour de Destiny.
Puis il me demande mon âge et je rigole légèrement quand il me demande si j’ai vingt-cinq ans. Flatteur en plus. « Un peu plus. J’ai vingt-huit ans. » Le quart de siècle me parait si loin, comme une autre vie. Dire qu’autrefois je craignais d’arriver à la trentaine. Aujourd’hui tout m’est égal. Ce n’est qu’un chiffre.
Je baisse le regard, fixe un instant mes pieds qui dansent dans le vide avant de relever les yeux vers lui. « Et toi Eden ? Qui est donc ce « Nouveau » ? D’où vient-il ? » Quelle est ton histoire Eden North ? Une question parmi tant d’autres à laquelle j’aimerais avoir une réponse. Si la vie des autres ne m’intéresse pas, celle de mon compagnon ne m’indiffère pas. Qui est-il ? Que lui est-il arrivé pour qu’il ne supporte plus la lourdeur de la ville ? Pour qu’il ait besoin de s’échapper ? Il ne me le dira certainement pas, mais le regard avoue parfois ce que les paroles taisent.
Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Mar 19 Mar 2019 - 10:33 —
Eden North
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Une ancienne, une souveraine qui a soulevé la ville à ce Graal cherché. Mais est-ce qu'ils trouveraient la paix dans ce dédale de passés soupçonneux & si diversifiés à la morale décadente ? Je doute que ce soit une fierté, mais plutôt le commencement d'un long combat où doit régner la loi & au la terreur devrait être laissé derrière nous. Mais dans ce monde sans foi ni loi, arriveront-ils seulement à poser des bases suffisamment solides pour que rien ne parte en couille ? J'en doute. Je ne suis pas de ceux qui idéalise un monde en construction. Bien au contraire, je suis terrifié. Terrifié par les pensées, les nouveaux droits... & la hiérarchie instable. Ces anarchistes qui se cachent derrière une fin du monde, là où ceux qui prient se tournent vers Dieu pour leur salut & demandent pardon. & cette Ivy là, est-ce qu'elle croit en tout ça, où comme moi, se garde de tout commentaire pour être spectatrice du nouveau monde ? A en juger par ses gestes, ses paroles & son tempérament calme, je penserais qu'elle vit en spectatrice. Curieuse de voir le monde déchanter à nouveau sous nos yeux rieurs. C'est une fin du monde que j'apprécierai commenter avec elle. Mais pour le moment, nous restons des pions dans la construction d'une civilisation plus ou moins coordonnée, où nous trouvons une petite place privilégiée pour rire de chaque situation qui nous dépasse & qui ramène à cette fatale réalité. L'Homme ne changera pas... & c'est, en soi, dommage qu'on soit toujours là. Car si c'est une deuxième chance, on ne saura pas en user.
Son rire arrive à moi comme un souffle léger mentholé. Mais se brosser les dents avec du charbon n'octroyait pas souvent la bonne haleine, ceci dit, les mauvaises odeurs commençaient doucement à partir. Les savons faits maisons & tous les produits d'hygiène bio. C'était agréable de vivre comme un bohémien. Vingt-huit ans, pas si jeune. De deux ans ma cadette, c'est pour ça que je suis persuadée qu'elle voit le monde comme moi. De ceux qui ont connu l'ancien, la technologie puis la décadence. L'apocalypse. Se jurer que nous étions tous coupables dans ce monde où nous n'arrivions plus à avancer, déversant la haine & la destruction chaque fois qu'on se multipliait. Je détestais le monde d'avant. Pour mes frasques mais pour ce qu'on en faisait. Je me sentais coupable de ce réchauffement climatique, coupable du chaos & de ce qu'on arrachait à Mère Nature. Sans pour autant oser changer quoi que ce soit de mon mode vie, coincé dans un confort illusoire du capitalisme qui prône l'argent comme unique confort. Malheur & désespoir, où le bonheur était introuvable...
Elle est près de moi, assise sur cette barrière à contempler le monde. Les vaches sont calmes, ça donnerait presque envie de dormir. Se reposer & profiter de ce nouveau monde avant qu'il soit baigné de sang, lui aussi. Qui je suis... C'est ce qu'elle essaie d'apprendre. Quelqu'un qu'elle n'aura pas l'occasion de connaître vraiment. Quelqu'un qui se cache derrière une autre identité pour dissimuler un passé houleux, s'il y a suffisamment de barbares dans les rangs, il ne fallait pas y ranger un ancien camé qui manipule les autres. Lâche & n'ayant de pitié que pour sa survie. Je souris, menteur espiègle. « Je viens du Colorado, la ville de Colorado Springs. J'étais chômeur, je vivais d'aides & d'assurances. Un accident de travail m'empêchant de reprendre le taff. » Je fixe un point sans bouger les yeux, ne pas donner de signe de mensonge. « J'étais célibataire & ... C'est à peu près tout. » Je finis par la regarder, les joues rosies par une semblant de timidité. Faisant croire que l'information du célibat me met mal à l'aise alors qu'il n'en est rien. Josh, je t'en prie... Pas de connerie. « Rien de palpitant. » Haussant les épaules. & ça ne le sera jamais. « & toi ? » Ô jolie plante à la curiosité mal placée. Je saurais me souvenir que je n'ai pas dit la vérité... Mais cette vérité n'est détenue que par quelques malheureux, tenus de garder ce secret ou de périr... Même s'il s'agit de ma cousine.
FRIMELDA
Dernière édition par Eden North le Ven 12 Avr 2019 - 10:31, édité 1 fois
Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Dim 7 Avr 2019 - 1:44 —
Ivy M. Davis
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Les yeux se reperdent vite dans le vague alors que nos deux cœurs battent l’un à côté de l’autre. Sa présence ne me dérange pas, je pourrais presque en oublier le monde autour de nous. Un compagnon agréable à qui je ne manquerai pas de revoler un peu de son temps, rien que pour le plaisir de sentir qu’ils ne sont pas tous difficile à supporter. Il a ce quelque chose en plus, qui montre qu’il n’est pas comme tous ces gars de la ville. Il fait partie de ceux qui ont souffert, mais avant tout ça, depuis bien plus tôt que la fin du monde. Ou alors je me trompe. Je sais pas.
Il me raconte d’où il vient, reste vague, sans trop l’être et lentement, je retourne le regard vers lui. Et je le vois ce regard. Ou plutôt, ce non regard. Il n’ose pas bouger et je comprends bien trop vite. Car je l’ai longuement utilisé ce regard-là, moi aussi. Une façon de cacher la vérité, de ne pas admettre ce qui fait mal, ou qui gêne. Mais que caches-tu Eden North ? Il enchaine, se tourne vers moi, les joues rosies, mais je ne dis rien. Peut-être a-t-il des bonnes raisons de cacher la vérité et même, bonnes raisons ou pas, c’est un choix qui lui appartient et je ne suis pas là pour lui demander des comptes. Son passé lui appartient. Et encore une fois, peut-être que je me trompe. Peut-être que c’est sa manière d’être, peut-être qu’il rougit de honte, peut-être que ce ne sont pas mes affaires.
J’hoche la tête alors qu’il me retourne la question et à nouveau, le regard se reperd dans le vide. D’où je viens ? C’est une bonne question. Qui suis-je finalement ? Je ne suis qu’un fardeau qu’on s’est contenté de trimballer d’un côté et de l’autre sans me demander ce que je pouvais bien avoir à dire. On m’a enlevé mon Tyrion, on m’a enlevé ma vie, on m’a enlevé tout ce qui me composait. Et pour quoi ? Pour le simple plaisir égoïste de mon père qui ne supportait pas de me savoir heureuse là où il n’était pas. Où est-il à présent ? Mon Ty ?
Je suis prise d’un léger soupir alors que je sens l’émotion m’envahir une nouvelle fois. Mon chevelu me manque, tous les jours. Mais comme je le fais fréquemment, j’enfouis cette émotion bien au fond de moi, je fais le vide, respire. Et doucement, je réponds à Eden, le regard toujours perdu. « Je suis née à Fresno, pas si loin d’ici finalement. Une enfance banale. J’suis devenue secrétaire dans un bureau d’architecte. Et l’apocalypse est arrivée, on m’a trainée ici et voilà. » Lentement, les yeux recherchent à nouveau les siens. « Rien de palpitant non plus. » Nous ne sommes pas sincères envers l’autre, mais y a-t-il une quelconque importance ? Chacun son jardin secret. Et même si j’aimerais en savoir un peu plus à son sujet, apprendre à le connaître, ça veut dire que je dois moi aussi lui confier mon passé. Et pour le moment, il n’en est pas question. C’est pourquoi je ne demande pas plus d’explications, pourquoi je relâche son regard pour poser les yeux sur les vaches qui broutent paisiblement, laissant gentiment le silence s’installer entre nous. Mais ça ne me dérange pas.
« Dis… T’aurais penser un jour retrouver tout ça ? J’veux dire… Un semblant de vie… comme avant ? » Et ma tête se tourne, faisant basculer quelques tresses sur mon visages, que je m’empressent de replacer derrière mon oreille. Aurait-il seulement imaginé avoir à nouveau un lit ? Un repas par jour ? Un toit ? Un semblant de sécurité ? Fini la course à la survie, fini la peur constante de croiser d’autres survivants au coin d’une rue, fini l’angoissant râlement de ces décharnés, fini le sommeil le ventre vide. Mais pour combien de temps ? Chaque société a fini par sombrer à un moment ou un autre. La fin de la notre était arrivée. Alors combien de temps avant que le temps de Destiny se termine et qu’un autre enfer vienne tout détruire ?
Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Ven 12 Avr 2019 - 10:54 —
Eden North
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Nos discours tiennent la route, mais le manque d'émotion & de contact visuel laissent entendre qu'on cache tous les deux quelque chose. D'ordinaire, j'aurais été curieux mais je vais être partisan de la discrétion. Si je te laisse tranquille, laisse moi tranquille. Ce passé véreux, je n'en veux plus. Si seulement je pouvais estomper ses souvenirs & les remplacer par des choses plus guillerettes. Qu'est-ce qui nous a pris de faire semblant d'être un gangster, vraiment ? La mort de ma mère a été une terrible épreuve, plus encore quand je me suis rendu compte que mon père était une enflure. J'ai tout compris le jour où ma tante est décédée & qu'il n'a pas daigné m'en avertir. J'ai su qu'il fallait qu'on se casse... Parce que. Parce que je n'étais personne. Là-bas, à Miami, j'étais quelqu'un, Eden... On m'a considéré, apprécié. Reconnu. Pour les mauvaises raisons, mais mon existence était légitime aux yeux de quelqu'un, ça suffisait. On se serait foutu en l'air, sans ça... Il y avait d'autres solutions. J'aimerais beaucoup les connaître maintenant que tout ça est derrière nous & qu'on peut pas réécrire l'histoire ? Accepte le vécu. Je ne peux pas. Accepte le, on avancera pas. Je refuse qu'on nous connaisse, qu'on affilie à cette merde... Il y a déjà trop de monde au courant entre Willow & Alix, j'ai l'impression que le monde joue avec nous. Le nouveau monde, c'est de la merde.
Je sors de ma torpeur assez rapidement & je secoue en la tête en toussant. « Ok, bien ouais. Des vies banales quoi. » Je bute tout de même sur le on qui l'a trainé ici, mais moins de questions évite moins de réponses. Je me demande ce qu'elle a fait dans sa vie, ce qu'elle a perdu. Ce qu'elle cache même, mais au fond, est-ce qu'on en a quelque chose à foutre ? A part assouvir une curiosité malsaine. Non. Puis si ça se trouve, je suis assis à côté d'une tueuse à gage & je n'en ai aucune idée. Ce serait badass. Mon métier ferait pâle figure à côté du sien. Quand tu penses que j'ai tué un seul homme dans ma vie, & encore, c'était de la complicité, je n'ai pas appuyé sur la gâchette. Combien d'entre eux ont tué ? Combien de meurtriers dorment libres près de nous ? C'est à se glacer le sang comme réflexion. Même nous, nous sommes des criminels, libres. Libres de récidiver, libres de trahir... & libres de mourir, sans jugement. Le système de justice de Destiny est à chier.
Elle m'interpelle & Joshua semble arrêter de brouiller mes esprits avec ses questions idiotes. J'observe le champs devant moi avant de la regarder, elle. J'ouvre la bouche sans qu'un mot puisse en sortir avec de grimacer sous la réflexion. « C'est pas une vie normale pour moi. » Même si tout semble fait pour que ça y ressemble. « Tout ça, c'est de la supercherie. & ça se cassera la gueule. » Les syndicats, les métiers, la vie en communauté... C'est bien beau. Mais j'ai entendu les rumeurs sur les groupes qui se détestent. Les meurtres, les suspicions de haine... Ce n'est plus qu'une question de temps avant que ça pète à nouveau. « La tranquillité de Destiny est une utopie. » Un mensonge même. & je m'en rends bien compte, vivre solitaire & ne pas avoir d'attache est capital ici. C'est pour ça que ça m'emmerde d'avoir quelques pensées tournées vers Billie. Non pas qu'elle ne les mérite pas, tout ailleurs, j'aurais tout fait pour qu'elle m'épouse un jour. Mais... Ce monde là mérite-t-il qu'on lui offre une seconde chance ? Arriverons-nous à ... à évoluer ? « Je m'y serais pas attendu, j'ai cru que j'allais mourir quelques heures après l'attaque à mon hôtel. » Un indice & je me mords les lèvres. Ne le situe pas, Josh. Tu as le droit d'être à l'hôtel ou en vacances. Respire, pas de paranoïa. « Alors je présume que je suis chanceux, mais ... j'arrive pas à considérer ça comme un semblant de vie normale. » Je me penche doucement vers elle & chuchote. « J'appelle ça le début de la fin. » Car nous serons notre déchéance. Si les rôdeurs ont quasiment disparu, nous serons notre propre perte. A moins d'une illumination. Mais quand on voit le bordel & la sous-alimentation, je ne me fais pas trop cas de notre avenir. « Vivons tant qu'on le peut. » Un sourire sincère cette fois. Nous n'avons qu'une vie, & une seconde chance de la vivre avant de mourir sous un nouvel assaut de la folie de l'homme. Vivre parmi des criminels... Il est où le semblant de vie, sérieux ? La suspicion & la colère semblent avoir fait taire Eden, tant mieux.
FRIMELDA
Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Jeu 18 Avr 2019 - 2:38 —
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Iridescent
Est-ce vraiment une vie normale, effectivement ? La réponse est non, évidemment. Je parle de retour à la normale car c’est ce qui s’y rapproche le plus. Mais nous ne la retrouverons pas. Pas nous du moins. Peut-être les prochaines générations, ou les plus jeunes d’entre nous. Mais je ne vois pas comment après avoir connu la décadence du monde, avoir vécu cinq années d’horreurs, on puisse reprendre nos habitudes comme s’il ne s’était jamais rien passé. L’Humain n’a jamais été doué pour ça : oublier ce qu’il s’est passé autrefois et penser uniquement à l’avenir. Non. L’Humain a toujours craché sur ses ancêtres, peu importe à quelle époque. Il est plus facile de critiquer ce qui a déjà été fait que de réfléchir à ce qu’on pourrait faire de mieux. Alors non. Le monde ne changera pas. L’Humain reprendra là où il s’est arrêté, commettra les mêmes erreurs sans se poser de questions et laissera une nouvelle génération se bouffer de l’intérieur. Je ne donne pas cher de Destiny.
« On ira surtout pas loin avec ceux qui nous dirigent. » Phrase prononcée en un souffle. Je n’ai rien à redire sur la mairesse, même si parfois, ses intentions me semblent louches. Mais ce qui m’inquiète le plus, ce sont les chefs de syndicats. Si des connards comme mon père ont pu monter au pouvoir sans que personne ne se pose de questions, qu’acceptera-t-on encore ? Et peut-être que mon père n’est même pas le pire. Après tout, la majorité sont d’anciens prisonniers. Je soupire une nouvelle fois. Et me rends vite compte que je n’aurais peut-être pas dû faire cette remarque. Des questions vont se soulever dans l’esprit d’Eden, certainement. Je ne peux pas lâcher une bombe comme ça sans m’attendre à des questionnements.
Il me fait part de ses ressentis et je l’écoute attentivement. Je fronce les sourcils lorsqu’il évoque un hôtel. Mais je ne vais pas le relever. Question = question. J’en ai pas envie. Alors je me concentre simplement sur ce qu’il me dit, surtout lorsqu’il se penche vers mois pour me chuchoter à l’oreille. J’ai un petit rire en l’entendant. « Carpe Diem, comme on disait autrefois, hein ? » Je souris, le regarde un instant avant de retrouver le paysage devant moi. « Mais je pense que t’as raison, Eden. J’ai souvent des doutes quant à la durabilité de la ville. J’ai envie d’y croire, j’ai envie que ça tienne et qu’on puisse retrouver quelque chose qui ressemble à ce dans quoi on a grandi. Mais… sincèrement… j’y arrive pas. » Des artifices, des belles paroles pour embrouiller les esprits et faire oublier au Peuple que Destiny a été fondé sur un système bancal et déjà bien fragile au départ. Une ville ne peut pas se construire et durer sur quelque chose qui est déjà si peu sûr de base.
Mais je soupire encore une fois en sentant la lourdeur de cette conversation. Le monde est déjà bien assez noir comme ça sans qu’on en rajoute. Alors d’un saut rapide, je descends de la barrière, puis me tourne vers Eden pour lui tendre la main. « Allez viens. Assez broyé du noir comme ça. » Je lui souris pour l’inviter à me suivre.
Ma main dans la sienne, je l’emmène vers l’enclos des chevaux, attrapant deux carottes au passage. J’en donne une à Eden alors que nous approchons de la barrière. « Tu sais, quand j’ai l’impression de sombrer et que le monde commence à tourner sans moi, je viens ici. » Je lâche sa main et passe la barrière en bois. Je ne sais pas s’il me suivra au milieu des équidés ou s’il restera en retrait. Je me retourne une fois vers lui, lui souris. « Y’a pas meilleur moyen de se sentir vivant qu’en sentant la nature se tourner vers soi. » Et je me dirige au milieu du parc pour m’assoir, la main tendue vers l’avant, un bout de carotte logée dans ma paume, en attente que l’un des chevaux se décide à venir vers moi. Ils sont cloitrés au fond du pré, peu rassurés de nous voir venir. Mais je suis confiante, je sais qu’ils viendront, ils le font toujours.
Sujet: Re: Iridescent. | ft. Ivy M. Davis Jeu 25 Avr 2019 - 18:49 —
Eden North
Messages : 442 Date d'inscription : 15/02/2019 Chambre : chambre 16, étage 5 en compagnie de Willow Logan. Occupation : Trouve-tout. Tu me demandes, je trouve. Un gif :
Iridescent. Feat Ivy M. Davis
Good point, girl. On ira pas loin avec les connards qui nous dirigent, ça, c'est clair. Quand on voit la gueule du mec qui s'occupent des nourriciers ou encore Sam de mon syndicat qui semble bien plus perché que la majorité. Mais je l'aime bien, il sait ce qu'il veut, il sait pourquoi il est là... & surtout il embrasse pas la construction comme une pute, il l'aide à sa manière. Loin des gens & du monde. Se rendre utile loin de la ville, c'est pour ça qu'être trouve-tout est exaltant... L'hypocrisie n'a pas sa place dans nos rangs, personne pour te faire chier avec une ville diriger par trop de monde. On dirait le parlement américain, un vrai bordel juste pour se sentir important. Elle est belle l'Amérique, qu'ils disaient. Une Amérique actrice de la fin du monde, je suis sûre qu'elle est la pièce maitresse de toute cette merde. Trump n'a pas du aider. Buter, égoïste & capitaliste jusqu'au slip. J'espère qu'il est mort. Pardon de le lui souhaiter, mais cette ordure n'a pas mérité mes votes & si je retrouve un mec à banane blonde dans Destiny, je le tue.
Mon regard se perd sur son visage, à contempler quelques taches & ses longs cils. J'aime bien quand on me donne raison mais la raison pour laquelle elle aimerait que ce soit faisable me fend légèrement le cœur. C'est vrai que c'était plus facile avant, quand on était petit, de jouer sereinement. De s'inquiéter que des voleurs & des violeurs. C'est horrible à dire mais nous n'avons jamais vraiment vécu tranquille. Les horreurs ont toujours existé, & je vois les zombies comme chacun de nos péchés, chacune de nos erreurs... Nous ne sommes pas fait pour vivre heureux, prospères & tranquilles. Nous sommes des machines à tuer & programmer pour détruire tout ce qui semble être le sublime. D'une nature qu'on se dit aimer, ça ne nous empêche pas de l'écrabouiller pour reconstruire des baraques en bois bancale, ou de rouler dessus avec nos vélos user trainant des brouettes ridicules. Tout ça, c'est ridicule. & peut-être qu'on aurait mieux fait de s'éteindre... Je ne sais par quel miracle, on tente encore de s'accorder une chance de s'expier. « Rien ne sera plus jamais comme avant, il faut s'adapter & voir au delà de nos connaissances. Évoluer. »
Je sursaute légèrement quand elle saute de la barrière & la suis du regard en me demandant ce qu'elle fait. Où elle va. Est-ce le moment de se quitter pour aller chacun broyer du noir dans un coin ? Ruminer sur la vie qu'on mène alors que... Mais je vois à son regard que rien n'est achevé. Nous avons tellement à échanger, & sa présence est assez réconfortante. Pas besoin de trop ni de peu, juste ce qu'il faut. Elle est intelligente & pleine de conversation. Elle n'est pas frigide ni fermée, juste assez pour laisser entrer le débat & la philosophie du nouveau monde. Juste assez ouverte pour accepter la vision de l'autre sans imposer la sienne. C'est un véritable coup de foudre intellectuel. Doucement, je glisse mes doigts dans sa paume, liant mes doigts aux siens. Son sourire fait naître le mien & je saute pour la rejoindre. Ça fait un moment que j'ai pas tenu quelqu'un comme ça, sans autre arrière pensé que s'entraîner dans un monde duquel on pourrait ne plus vouloir partir. Un léger silence alors que la brise caresse nos visages, je vois qu'on s'approche des chevaux & qu'elle saisit de quoi les faire grignoter. Quelle bande de chanceux.
Je l'écoute me dire ce qu'elle fait pour réussir à rattraper le monde qui la dépasse. Quand je m'isole sur les toits, elle fait grignoter les chevaux. Nous ne sommes pas si différent. Je la suis en passant la barrière & lui emboite le pas. Je souris & m'assoie près d'elle, imitant son geste avec le morceau de légume au creux de ma paume. « Je comprends, je fais plus ou moins la même chose quand je monte sur les toits. » Les chevaux approchent en marchant lentement, curieux mais méfiants. « Je regarde le ciel en me ressourçant grâce au vent, & au silence qu'il emmène. » Loin du brouhaha des gens & de leurs malheurs insignifiants. De quoi se plaignent-ils à la fin ? Ils sont en vie. Un cheval s'approche d'Ivy sans me considérer & lui prend la carotte avant de redresser la tête, aucun d'eux ne m'approche. Mauvais joueur, je place ma main là où était celle d'Ivy. « Je fais quelque chose de mal ? » Je lève les yeux vers la grande créature qui bat de l'oreille pour chasser les mouches. Il ne m'aime pas beaucoup celui-là. Je glisse jusqu'à coller mon flanc contre celui d'Ivy, chuchotant : « J'ai un secret à t'avouer... les animaux m'aiment pas beaucoup, y a que l'âne qui m'apprécie. » J'essaie de pas rire & gère mon envie en me pinçant les lèvres. « Je dois avoir une tête de con, je leur reviens pas. » Je hausse les sourcils en lui donnant un léger coup d'épaule avant de glisser le légume dans la main de cette fille qui aujourd'hui me rappelle combien le monde cache des trésors.